Deux ans après le désastreux Change of Address et un an après Alive & Screaming, Krokus revient avec de nouvelles intentions, une nouvelle section rythmique (enfin, pas tout à fait, puisqu’on note le retour de Chris Von Rohr) et un nouveau label. Le son est plus brut, les compositions plus hard rock, les riffs plus épais, et cela ravit les fans. Le virage hard FM est définitivement tourné. Pour s’en convaincre, il suffit de porter une oreille sur « Wild Love », un mid-tempo binaire, sur lequel le riff est énorme, plus metal d’ailleurs que hard rock. La folie en moins, le groupe lorgne davantage sur Headhunter que sur One Vice at the Time, sans pour autant oublier d’écrire de bons refrains. Ainsi, « Let It Go » donne envie de chanter avec le groupe.
Les morceaux puissants et rapides sont donc de retour, comme l’excellent « Axx Attack » qui s’inscrit dans la lignée de « Headhunter », en proposant un riff metal et un chant halluciné, tout en conservant une réelle mélodicité. On pense à Accept, notamment sur les solos, et à Judas Priest pour le riff. « Speed Up » affiche également ses influences metal. Même si ce titre est moins rapide que le précédent, il s’appuie sur des motifs heavy et permet à Marc Storace de montrer toute sa puissance vocale. Dans l’ensemble, cet opus est néanmoins plutôt hard rock. Dès « Everybody Rocks », le retour au rythme en douze mesures, aux refrains bourrés de groove et aux influences américaines saute aux oreilles. Les riffs sont épais, gorgés de boogie et de blues, comme sur le southern rock « Rock 'n' Roll Tonight » qui semble provenir d’un groupe texan ou le furieux et australien « Shoot Down the Night » qui donne envie de taper du pied et de secouer la tête à s’en décrocher les vertèbres. Quant à « Flyin' High », il est également australien dans l’âme, même si son refrain mélodique évoque à nouveau les groupes d’outre-Atlantique. Ce mélange des genres et des influences apporte une réelle plus-value à cet album très varié.
Comme à son habitude, Krokus propose également des chansons lentes, comme le blues « Bad, Bad Girl » qui permet à Fernando von Arb de se fendre d’un beau solo et à Marc Storace de se prendre pour Robert Plant ou encore « Winning Man » qui n’est autre qu’une nouvelle version de l’excellent titre présent sur Hardware. Si les fans sont heureux de retrouver leur groupe, les dissensions, toujours nombreuses chez les Suisses, se multiplient. Le groupe part néanmoins en support de la tournée américaine de Ted Nugent, mais à la fin Marc Storace quitte le navire, suivi de près par Fernando Von Arb. Le groupe continue avec un nouveau chanteur et un nouveau guitariste avant de splitter.