Le frémissement des cordes…
Me voilà assis au coin d’un pub, sur un tabouret massif à l’ombre d’une poutre nervurée par les âges, noyé sous la brumeuse fumée s’exhalant des pipes de mes voisins broussailleux, un bock de bière à la main ; ma jambe souffrant de frétillement sporadique alors que mon regard s’évanouit au loin, au travers d’un hublot en larme, subjugué par la danse du crachin des vagues se fracassant sur les falaises ; seule cette musique incisive réchauffant mon cœur en ce soir venteux hivernal murmurant légende…
Sarah Neufeld, seule au milieu de l’intimité d’une petite scène tamisée de bougies, le menton greffé au divin instrument à cordes et le bras gambillant avec frénésie, imprimant ainsi au poignet de s’escrimer à rompre ces ligaments tendus afin d’y expulser leurs exaltantes mélodies qui m’insufflent divagation, perdition et soulagement…
Alors, telle une barque ballotée par les remous du large, je navigue entre ces ondes nébuleuses où la plainte du violon, parfois sinistre, mystérieuse, douce, survole avec élégance, tel l’albatros planant au gré du vent, les flots tumultueux qui me charrient comme un vulgaire tonneau à l’abandon, tandis que l’ululement léger d’un chœur sibyllin, semblant émaner du fin fond des nuages surchargés de rancœur, adoucit mon âme esseulée flottant à la dérive…
Puis, soudain, Hero Brother de son rythme appuyé à la palpable connotation folklorique suintant aux frémissements des cordes, accompagné par le raisonnement d’une percussion entêtante, fait naitre en moi la réminiscence d’un agréable souvenir, celui du duo Hangedup originaire de la même Constellation ; sa violoniste ciselant l’air sur la furieuse cadence de son batteur…
Oui, cette fois encore, la magie du violon s’accomplit…