Il est des rencontres nocturnes qui peuvent s'avérer flippantes, surtout au détour d'une rue mal éclairée, un brouillard épais, des bruits étranges. Toussa toussa. Vous pensez probablement à Jack l'éventreur et toutes ces histoires lugubres ? Possible que moi aussi. Mais certaines se déroulent d'une toute autre manière ; un pont, des lumières, une rue déserte comme seul passager de la nuit. Un homme est adossé à un muret, une jambe pliée sur celui-ci, tête baissée sur le pavé, chapeau sur la tête. Il semble être en train de fumer (de téléphoner ? de penser ?). Habillé de noir comme le ciel, il est seul. A quoi pense-t-il ? une chanson ? quelqu'un ? quelque chose ?
Voici la pochette de Murs 3:16 The 9th Edition.
C'est à travers 35 (très bonnes) minutes que cet album nous propose d'aller dans le crâne du personnage. Murs délivre son rap à une allure de ministre, étendant au possible le temps ; prolongeant les 35 minutes bien au-delà, aidé de 9th Wonder aux beats. Les deux personnages tissent au gré des morceaux l'atmosphère (quel plaisir ce "The Pain" !) de la couverture de leur premier opus commun.
Des touches soul ("Freak These Tales") d'un côté, jazzy ("The Animal") de l'autre. On navigue constamment entre ces deux mondes dans un storytelling prenant ("Walk Like a Man").
Must-have.