En 2000, Johnny Burns aka Mausberg nous quittait dans un drive-by à l'âge de 21 ans. Rattrapé par la réalité de Compton, ce jeune rappeur ô combien prometteur ne laissera pour héritage musical que quelques apparitions éparses, une compile intitulée "Konnected Project" avec Suga Free et cet album posthume, "Non Fiction", au titre pour le moins évocateur.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que le "petit" protégé de DJ Quik était promis à un bel avenir. Tenant plus de la montagne que de la souris (pour les germanophones), on l'avait bien vite considéré comme un Notorious Big californien en devenir, autant pour sa stature que pour la profondeur de sa voix. Avec l'appui d'un producteur aussi talentueux que DJ Quik, les routes du succès ne pouvaient lui être qu'ouvertes. Le destin en a malheureusement voulu autrement, fauchant Mausy en pleine ascension vers la gloire avec son album inachevé.
Conscient du potentiel de son poulain et visiblement désireux de lui rendre un dommage hommage, Quik se fera un devoir de mettre dans les bacs cet album inachevé. Du coup, à l'écoute de "Non Fiction", on a parfois une impression de compilation pas toujours tout à fait cohérente de titres où apparaîssent Mausberg, un compromis nécessaire pour voir cet opus arriver dans les bacs.
Ainsi, les titres que Mausy partage avec son mentor semblent souvent être en fait une invitation de Quik pour le jeune Blood et non l'inverse. Peu importe, Quik aura mis les petits plats dans les grands pour l'avènement de son homie et les titres en question font partie des meilleurs de l'album.
S'il est vrai que Mausberg était capable de s'adapter avec brio à tout style de prod (qu'elles soient funky, agressives ou plus romantiques), il est aussi vrai que Mausberg a réussi à faire sortir à Quik des prods dans un registre qu'on lui connaissait peu. "Ring King" est un concentré de puissance où Mausberg fait la preuve de sa présence, de son charisme et de son talent tandis que le beat de "Bank On It" claque plus sévèrement que les rythmiques habituelles utilisées par le maestro.
Pour autant, Mausy s'avère parfaitement capable de s'adapter aux instrus mélodieux concoctées par Quik : sur "Get Nekkid", véritable hit de l'album, "Mushrooms" ou "Any Way U Want 2" tout en subtilité avec James DeBarge au refrain, il montre qu'il sait faire swinger son flow en accord avec le funk de son producteur. De petits bijoux à chaque fois que les deux collaborent.
Mais de bonnes choses sont également à mettre à l'actif de Six Million ("We Ain't Done Yet" pour un duo de poids avec Dresta) et Saccs qui signe notamment "My Life Goes On" qui clôt l'album d'une des meilleures façons qui soit.
Il y a certes quelques petits ratés (notamment "Busta" avec son instru fadasse et son refrain féminin insupportable) et des morceaux un peu moins réussis ("Pimpalistics" un chouya trop lent) mais avec "Non Fiction", Mausberg mettait la barre haute dès son premier essai. Le Quik Camp ne s'y trompait pas en répondant présent pour soutenir le petit dernier de la clique. Dommage que ce premier album reste lettre morte.