Hadouk Trio – Now (2002)
Parlons à nouveau du Hadouk Trio avec cet album qui se situe chronologiquement juste après « Shamanimal ». Sur la pochette le mot « trio » n’est pas explicite, mais figure un « 3 » qui semble le remplacer, l’album se nomme « Now » et regroupe nos trois musiciens, Didier Malherbe et son fameux doudouk, instrument à anche double d’Arménie, sa flûte en bambou et son saxophone soprano ou sopranino.
Loy Ahrlich joue du hajouj, luth basse à trois cordes appartenant à la confrérie des Gnawa du Maroc, de la kora, une sorte de harpe d’Afrique de l’ouest dont on joue en se mettant de face, de la sanza, une guitare africaine ainsi que de différents claviers.
Steve Shehan joue des percussions : du hadgini, une sorte de cruche double, mélange de gatham indien et de udu nigérien, de l’ocean drum, un tambour à billes, du ringcick, des cymbalettes balinaises renversées ainsi que du percussion drumset, grosse caisse faite avec un djembé, charleston avec un afuché, derbouka accordée, trois congas accordées, un tom-basse, six cymbales et un djembé maître.
Sans doute me trouvez-vous savant tout à coup, c’est que cette fois-ci le livret nous dit tout, j’y ai trouvé la plupart de ces descriptions d’instruments. Ils font le son d’Hadouk, car ces trois-là ont une parfaite maîtrise instrumentale, faisant de ce trio un groupe unique, aussi bien connu en Europe qu’aux Etats-Unis, avec desadmirateurs de toutes nationalités, on peut donc parler de « World music » autrement qu’en termes commerciaux ici.
On connaît le goût du groupe pour son aptitude à créer des mélodies et des climats se rapprochant des musiques traditionnelles, des danses, des soirées festives et même parfois des musiques rituelles ou spirituelles, cet album ne manque pas lui non plus de très belles pièces, comme « Alma Celesta » qui ouvre l’album de façon magnifique.
Le jazz ici est abordé avant tout dans son esprit, dans les improvisations par exemples, les solos qui s’échappent avec profusion, mais les mélodies peuvent prendre leurs racines dans divers coins du globe, les rythmes également avec toutes ces sonorités exotiques et diverses, ainsi la légèreté gazeuse des instruments à vents s’appuie sur le son plus terreux des cordes et des rythmes multiples et colorés des percussions, pour que la fête soit belle…
On retient également « Polar Blues » ou « Bille en tête » ou encore « Grand Large » et « Théâtre des Singes » ou même « Barca Solaris »… Les titres ne manquent pas qui attirent l’attention, mais il faut encore citer « Echappée Belle » avec l’intervention du réunionnais Danyel Waro au chant qui, d’un coup, nous envoie les feux brûlants de son île !