On n'a toujours un peu culpabilisé à fredonner Jodie ou L'autre Finistère ; les Innocents étaient un groupe trop mainstream pour être honnête. On a donc accueilli la fin du groupe sans état d'ame, avec le seul regret de perdre un des seuls groupes un tant soi peu estimables du Top 50 et autre Hit Machine. Depuis, JP, le célèbre chanteur à béret, n'a pas chômé, travaillant pour Jil Caplan et Laure Markovitch, composant un titre pour "Le Pornographe" de Bertrand Bonello (ancien roadie des Innocents !). L'envie de revenir en solo a touché JP sans crier gare, petit à petit en jouant des chansons avec des amis musiciens au CV conséquent (Albin de la Simone, Christophe Board, Philippe Entressangle…). En écoutant Plus de sucre, on ressent bien ce désintéressement au come-back à succès. Nataf, la quarantaine pleine de sagesse, se fout de ce qu'il va advenir à son album ; il est seulement mu par l'envie de faire des chansons. Un point c'est tout. Intimiste et chaleureux, l'album abrite des ballades folk du meilleur cru : Tout doux, jeune homme…. Une guitare acoustique claire, un peu d'orgue Hammond, une batterie discrète…l'écriture musicale se réduit souvent à l'essentiel sans être jamais décharnée. La musique s'emballe dans une ronde infernale (Enveloppe), prend un entrain pop (Jean-Philippe, le titre le plus Innocents) mais reste toujours terriblement proche. Etonnamment, on n'est parfois pas loin de Dominique A. (le trouble Mon vaudou), ni de Dirk Annegarn…On n'en attendait pas grand-chose et on s'en retrouve surpris, affichant avec fierté que Plus de sucre est un bon album.