Quand on aime le rap old school mais qu’on ne veut pas se séparer du temps présent, difficile de ne pas s’attacher à Fabolous. Celui qui nous a régalé de ses Soul Tapes revient avec une autre mixtape, Summertime Shootout.
On ne va pas se mentir. Aussi fort qu’on aime Fabolous, difficile de ne pas noter une certaine baisse de tension chez le MC ces derniers temps. La preuve : on entame ce Summertime Shootout avec un sale goût dans la bouche. Celui de « The Plug », titre clippé vaguement inspiré par la série Narcos de Netflix. Un morceau qu’on retrouve au milieu de cette mixtape. Une sale trap indigne du talent et des choix de productions usuellement excellents du bonhomme. Pas à dire, le son ne lui va pas. Et pourtant.
Pourtant, on ne pourra jamais enlever à Fab’ cette capacité à rapper sur n’importe quoi. Certains diront sur n’importe qui. On ira pas jusque là. Une preuve ? « For The Summer », titre paradoxal face à sa date de sortie. Un sample de banjo, un vocal et un beat qui fait remuer la tête font l’affaire. Simple. Un peu trop. On attend pas de Fabolous qu’il fasse du Madlib ou du MF Doom. On attend qu’il reprenne les classiques et se les approprie. Cela sera malheureusement que très rarement le cas.
Comment peut-on taper plus dans le classique qu’avec « Killin’ Me Softly » des Fugees ? C’est le travail imposé par « Real One », joliment par ailleurs, puisque le sample est savamment découpé et non brutalement copié. Il est là, le meilleur de Fab’. Dans la même veine, « Tell Ya Friends », avec ce combo piano-soul + beat. Franchement, c’est comme les pâtes. A moins d’être débile, c’est inratable. 6 minutes de cuisson, et le résultat est Al Dente.
La soupe (même pas) populaire
Heureusement, à l’inverse du dernier album de Freddie Gibbs, il n’y a pas que deux préparations à se mettre sous la dent. Dans le rayon frais, on emballe sur « Started Something », un peu mielleux mais au label « Vieux Est » délicieux, et « Summertime Sadness », qui prouve encore une fois que Fab’ a ce don de se réapproprier la pop.
Le problème, c’est que ces plats tout simples sont parfois indigestes lorsqu’ils sont cuisinés à une sauce que ne maîtrise pas le MC. Parfois, le mélange est caribéen, comme sur « Vanilla » en compagnie de Rich Homie Quan. Un peu lourd. Parfois, ce n’est juste pas de la nourriture. Impossible de caler plus d’une bouchée de « Motivation », son flow de merde et son esprit va-vite.
« Sorry But Not Sorry » n’est pas excusé de son sample de Street Fighter par un instrumental abruti. Si « Doin’ It Well » ne sert qu’à se remémorer que Nicki Minaj fut une rappeuse, un temps, « Trapline Bling » touche le fond. Un son digne d’Amandine du 38, genre de parodie ni drôle, ni bien faite. Affreux. Affreux. Affreux. Trois fois.
Difficile de pardonner à Fabolous un écart si important de ses standards. Tel un virus, les horreurs présentes sur la mixtape infectent les bons titres, qui perdent de leur saveur. On ne peut décemment valider Summertime Shootout. D'autres, on s'en serait moqués. Mais pas toi, Fab'.
[A LIRE SUR HYPE SOUL]