Cette version de The Snow Goose (Camel), ré-enregistrée en 2013 à la mémoire de Peter Bardens (co-auteur de l'album et claviériste du groupe), voit ses pistes 4,8,9 et 13 revisitées par Andrew Latimer. Voici les principaux changements :
- The Great Marsh : les vocalises sans paroles disparaissent au profit de la guitare électrique, enlevant un côté mystique à l'introduction (et qui, du coup, ne fait plus écho au morceau Preparation)
- Rhayader : l'orgue ré-enregistré est globalement moins funky, mais aussi moins aigue
- Rhayader goes to town : Moins bon solo de guitare de la part de Latimer dans la deuxième partie du morceau, avec une pédale de delay qui donne une esthétique plus lourde et plus métallique à ses riffs. La synergie avec la basse de Colin Bass se fait moins sentir, au profit de la batterie de Denis Clement (aussi arrangeur et ingé son de l'album).
- Sanctuary : bien plus beau sur cette version de 2013. La richesse du morceau a été étoffée avec des chœurs (à l'esthétique proche de ceux de l'album Ambient 1: Music for Airports de Brian Eno) ont été rajouté à la place de la guitare acoustique, du violon et des notes de guitare électrique très subtiles.
- Fritha : les modulations de moog de Guy LeBlanc (nouveau claviériste) sont plus prononcées, conférant une ambiance ésotérique au morceau et au profil de Fritha. Un choix intéressant qui apporte de la richesse au personnage.
- The Snow Goose : Les touches de violon sont davantage mises en avant dans le morceau, ainsi que quelques subtilités de la guitare électrique. Autrement le morceau ne change pas fondamentalement.
- friendship : une belle transition avec le morceau d'avant, tout en finesse. Le basson, plus en retrait, permet un meilleur équilibre entre les différents instruments.
- Migration : les voix sont remplacées par la guitare électrique, rajeunissant le morceau et donnant plus de cohérence aux passages plus rapides. Se rajoute, dans la version de 2013 un break à la flûte, au violon et à l'orgue qui épaissit le morceau et en magnifie la poésie, avant de reprendre le thème principal.
- Rhayader Alone : Dans cette version de 2013, Andrew Latimer adjoint au morceau de base, un petit solo tout en émotion comme il sait si bien les faire. Un bel ajout, appuyé par des violons et quelques touches de piano.
- Flight of the snow goose : les effets électros sont plus appuyés, tout comme la batterie, Les sonorités du clavier me paraissent moins mélodieuses que la version originale. On peut noter un ajout de quelques sons de cloche
- preparation : la guitare acoustique y est plus lente, le morceau prend davantage le temps de modifier son atmosphère. La version de 2013 ajoute des bruits d'orage grondant et du violon pour appuyer plus efficacement (mais peut-être moins subtilement) le drame à venir.
- Dunkirk : les bruits d'orage assurent la transition avec le morceau. L'introduction se fait plus subtile, avec l'ajout de plein de petits éléments (orgue, violon, voix, on perd les trompettes par contre). La batterie est moins lourde, et s'harmonise avec le clavier. La guitare, si elle change dans son approche par moment, reste toujours aussi bonne (même si elle se fait trop interrompre dans ses envolées à mon goût).
- Epitaph : une approche beaucoup moins electro et bien instrumentale sur la version de 2013. l'émotion est davantage transmise grâce aux violons.
- Fritha Alone : fidèle à la version originale, avec un beau solo de piano
- La princesse perdue : dans cette version de 2013, l'orchestration est bien plus poussée. à grand coups de violons, de percussions et d'effets de scintillement. on se rapproche parfois d'une B.O. de film, tout en conservant l'originalité du minimoog joué ici par Guy LeBlanc. Une partie du thème de la seconde partie est repris par des violons plus en retrait que la guitare de la version de 1975, donnant plus de profondeur à ce premier.
- The Great Marsh : plus sombre que dans sa version originale. On comprend mieux l'intention des compositeurs avec cette interprétation, le vide laissé par Rhayader sur les lieux du début, renforcant le sentiment de voyage et de temps qui s'écoule.
Conclusion : de manière globale, la qualité de l'album a été réhaussée. On sent que cet album a été bien retravaillé sans pour autant trahir le matériau original. L'orchestration de certains morceau vient à la fois dépoussiérer l'esthétique globale et moderniser l'ensemble (certains passages de 1975 peuvent paraitre quelque peu dépassés ou datés aujourd'hui). L'émotion transmise, surtout dans la deuxième partie de l'album s'en trouve décuplée et l'on s'imagine avec force l'histoire qui nous est contée, au détriment peut-être du côté rock progressif, avec l'effacement de certaines expérimentations qui faisaient le cœur du style musical.
Cependant, certaines maladresses sont venues s'ajouter, notamment sur les morceaux Rhayader et Rhayader goes to town, un duo pourtant iconique du groupe Camel. Difficile, après avoir entendu la version live Coming of Age de Rhayader goes to town, de revenir sur cette version plus propre (mais de très bonne facture quand même)