"Oubliettes !"
Oublie Pinkerton... Oublie le Blue Album... Au risque de ne plus apprécier grand chose de Weezer. A part devenir un éternel insatisfait, comparer à l'incomparable n'apporte pas grand chose. Allez,...
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le 1 avr. 2016
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J’aime pas les clips. Je sais, c’est idiot et un peu dénué de sens mais j’y peux rien, j’aime pas ça. A part quelques groupes particulièrement doués dans l’exercice, j’y trouve généralement assez peu d’intérêt et me sens plus pollué dans mon écoute qu’autre chose. Je suis vraiment un vieux con dans l’affaire, mais c’est un constat récurrent qui a bien failli me gâcher le dernier Weezer. Et il y avait de quoi l’attendre de pied ferme cet album blanc, après un EWBAITE qui avait ravivé la flamme des premiers jours.
Weezer c’est un peu comme un caramel : une recette tellement simple mais si facile à rater. Des hooks majeurs qui restent en tête, des chœurs en falsetto et surtout un immense mur de fuzz. Rivers Cuomo a inventé ce que tant s’évertuent à reproduire avec plus ou moins de ridicule, le mariage parfait entre le rock alternatif qui tache et la pop faussement naïve. C’est ce qui a propulsé Weezer au rang de légende du genre, entre insouciance (Blue) et mélancolie (Pinkerton), au rythme des états d’âme de son génial frontman. Pour ce 11e (!) album, Cuomo a choisi la Californie comme cheval de bataille, une thématique aussi légère que risquée, l’expérience pouvant vite tourner au pastiche...
C’est là que j’ai eu peur. Des clips à la sauce sea sex and sun sans propos particulier, et j’ai cru que Weezer allait nous faire du Katy Perry. Impossible de décrocher de la vision d’horreur de la femme bodybuildée de L.A. Girlz, de ce soleil qui aveuglait mes oreilles et m’empêchait de considérer la chanson pour ce qu’elle était vraiment. J’en suis presque arrivé à me plaindre de la mièvrerie des paroles, quand je me suis rappelé que j’écoutais le groupe qui me faisait bondir sur place à parler de pull en laine et de concerts de Green Day. Alors j’ai fermé YouTube.
La claque. Les triolets lancinants, puis l’alternance power chords/bends à la Say It Ain’t So, et ce passage « I love your long hair/But you just don’t care », tremblant de puissance : on y est. Le vrai Weezer. Dire qu’on est passé par les affres de Raditude, pour en revenir presque 20 ans après à cette insouciance crasse dont Rivers a le secret. Comme L.A. Girlz, Do You Wanna Get High semble tout droit sortie de Pinkerton, entre les cris à la Tired of Sex et ce fameux solo presque calqué sur celui de Pink Triangle. Intentionnellement ou pas, le groupe multiplie les clins d’œil à ses deux albums mythiques, allant jusqu’à reprendre sur King of the World la ligne basse de sa légendaire Only in Dreams. Certains verront même la conclusive Endless Bummer comme la petite sœur de cette dernière, avec sa fin en feu d’artifice venant délivrer une ballade folk à mon sens un peu plate. Plus qu’un écho au Blue Album, j’y ai plutôt vu une suite logique à la trilogie de fin de EWBAITE, qui emploie des ressorts similaires et surtout une production logiquement plus moderne.
Aussi nostalgique qu’affirmé, ce White Album se veut donc résolument accrocheur, à tel point que les compositions basculent parfois du côté obscur de la pop. Un constat partiellement entrevu sur King of the World et que l’on retrouve sur l’opener California Kids, qui ne jouit pas de la même langueur destructrice que les vraies réussites de l’album, malgré une nouvelle réminiscence de Pink Triangle sur l’intro au piano. Dans l’ensemble, chaque passage derrière le clavier s’avèrera d’ailleurs regrettable, exception faite de Thank God for Girls, sauvée par ses lyrics géniales débitées sur un improbable flow à la Kanye. De Wind in Our Sails et ses tristes fondamentales à la croche, à la singulière mais dispensable Jacked Up, le plus gros raté est certainement l’immonde (Girl We Got A) Good Thing, d’ores et déjà bannie de mon iTunes.
Mais ces maladresses se suffisent pas à me faire dénigrer ce nouvel opus, qu’on qualifierait presque de prometteur pour un groupe en pleine renaissance qui a déjà tout prouvé. Elles s’inscrivent dans une volonté générale de produire du feel good, une entreprise bien mieux négociée par exemple sur la sautillante et visiblement sous-cotée Summer Elaine and Drunk Dori, qui m’a valu une bonne attaque à la première écoute... Cette chanson fait partie de la bonne moitié d’un album terriblement plaisant, qui sait se tourner poliment vers le glorieux passé de Weezer pour nous offrir une intraveineuse estivale ô combien bienvenue. La bande à Cuomo est plus que jamais en vie, et délivre avec ce White Album une part déjà essentielle de sa longue discographie. Une chose est sûre, ma copine va détester.
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Créée
le 6 avr. 2016
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