Critique de Avatar par bisca
De l'art d'être aussi lourd que planant : mettez Crazy Horse, Television, Mogwai et Ennio Morricone dans un shaker et vous obtenez Avatar, des Comets on fire, fers de lance du mouvement...
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le 22 mars 2022
De l'art d'être aussi lourd que planant : mettez Crazy Horse, Television, Mogwai et Ennio Morricone dans un shaker et vous obtenez Avatar, des Comets on fire, fers de lance du mouvement postgrunge néopsychédélique outre-Atlantique. T
Depuis une poignée d'albums, et notamment le toujours intimidant et touffu Blue Cathedral de 2004, ces Américains possédés explorent un free-rock qui doit autant aux grands aînés d'un psychédélisme théâtral (de Quicksilver Messeenger Service à Jefferson Airplane) qu'à quelques têtes cramées du jazz évasif, comme Sun Ra ou Hendrix. Comme chez Mars Volta ou Zombi, il y a là beaucoup d'informations à digérer et ratifier pour l'habituel client indie rock du label Sub Pop, mais Avatar mérite les efforts : on n'a pas tous les jours l'occasion de visiter le cosmos à bord de comètes en feu, de s'offrir un trip aussi violent et coloré sans craindre l'atterrissage. Outrageusement hippie, défoncé, intense, électrique et orgiaque, cette déflagration fait même soudain passer tous les BellRays ou Wolfmother de la terre pour d'inoffensifs pétards à mèche ? mouillés, en plus. (Inrocks)
Je n'ai jamais été grand fan de Comets On Fire. Les ayant découverts et peu appréciés à l'occasion de "Field Recordings from the Sun", j'ai bien été forcé de camper sur mes positions depuis, tant chaque nouvelle livraison était stylistiquement semblable aux précédentes : acid-rock seventies en roue libre. Avec un zeste de Fugazi, soyons ferme mais juste. Après tout, que peut-on attendre d'un groupe dont l'un des membres est plus ou moins exclusivement préposé à l'echoplex ? Voilà le genre de musique qui a bien souvent l'étrange capacité de vous faire vous sentir vieux et fatigué avant même d'avoir la vingtaine, et cela dès les premiers contacts. Ceci étant dit, l'œuvre des Comets, aussi épuisante qu'elle puisse être, semble être de celles qui incitent à revenir à la charge à chaque nouvelle sortie, pour trois raisons :- Ben Chasny officie à la guitare, et Ben est un génie.- Une fois par jour s'ouvre de façon aléatoire une fenêtre d'environ 10 minutes pendant lesquelles la musique exaltée et bordélique des Comets vous fait vous sentir tout à fait jeune et vivant. Magique, mais toujours très court.- On garde espoir que la joyeuse bande ait commencé à composer. Et voilà l'heure du deuxième album chez Sub Pop (après "Blue Cathedral"), et de la réalisation de ce souhait : les Comets ne tentent plus de jouer "Ascension" de Coltrane à chaque morceau ! Ce qui est flagrant dans "Avatar", c'est l'abandon d'une partie des délires free bien patauds (sous haute influence Sun-Ra/Ayler/Coleman, et Coltrane donc) qui rendaient les précédents album pénibles, pour une évolution vers une musique de plus en plus prog', par la construction des morceaux et l'utilisation du piano, rappelant en cela - sans le surpasser évidemment - le dernier et génial opus des illustres 90 Day Men ("Panda Park"). Toutefois, comprenons-nous bien : ce n'est pas l'influence free jazz qui pourrissait quelque peu les précédentes livraisons du groupe, mais bien leur démarche souvent très "vaine" - pour reprendre le terme de Guillaume. Comme ce n'est pas le prog' qui sauve leur musique, mais la composition. Non que Comets On Fire se soit aujourd'hui débarrassé de toutes ses scories camées, mais cette musique est aujourd'hui beaucoup plus digeste -et parfois étonnamment belle ("Lucifer's Memory"), sans avoir perdu un gramme de son exaltation salutaire.(Popnews)
Créée
le 22 mars 2022
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