Enfin!!
Grand fan du premier album, Deus ne m'avait pourtant jamais convaincu par ses successeurs. Tantôt trop pop, tantôt trop mou ou un peu commun, le groupe n'a jamais réussi à me refaire pousser les...
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le 3 nov. 2014
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Il y a vingt ans, Tom Barman ne jouait pas de la guitare mais du squash – son groupe aurait pu se nommer Deus de raquette. Hissé à la troisième place du classement des joueurs de son pays, le Belge avait tout de même prévu de préférer l’art à la performance sportive. Pour autant, la musique n’était pas au programme : c’est sur le cinéma que Barman avait jeté son dévolu. “J’ai arrêté le squash pour entamer des études et devenir cinéaste. Je dis souvent que le cinéma, c’est ce que je voulais faire, et que la musique, c’est ce qui s’est passé.”Remercions le destin d’avoir placé le jeune homme sur le chemin du studio : avec Deus, Barman a tout simplement livré les chapitres les plus remarquables du rock belge des deux dernières décennies. “C’est difficile de durer ainsi. Le groupe reste une entité impossible, avec des ego qui se battent en permanence. Il y a comme une autodestruction dans tout ça, qui n’est pas du tout romantique et peut même devenir horrible. L’intimité et la proximité avec les membres du groupe, ça peut te rendre claustrophobe. Le groupe, ce n’est pas une histoire d’amour, et en même temps ça doit en être une.” Les épreuves et les embûches n’ont pas épargné la formation de Barman : elle a traversé des déserts, elle a fait évoluer son casting. “Ça n’a pas tout le temps été simple, mais ces évolutions étaient nécessaires pour continuer à trouver un nouveau souffle. D’autant que j’ai toujours voulu être dans un groupe où j’admire les autres. Deus, c’est 100 % passion.” Dernier épisode de cette série à rebondissements, l’album Vantage Point affichait en 2008 la facette la plus explosive du groupe avec une poignée de titres sapés pour la scène. Ne pas se fier au titre de son successeur qui paraît ces jours-ci : Keep You Close n’est pas le disque du retour au songwriting intimiste. L’album a au contraire été en partie façonné en concert, le groupe désirant mesurer l’efficacité de ses nouvelles chansons à la réaction de son public. “Le live reste l’objectif ultime pour Deus. C’est sur scène que nous avons grandi, d’autant que nous avons toujours eu une drôle de position. Si tu es les Foo Fighters, tu enregistres un album pour pouvoir le jouer devant 40 000 personnes tous les soirs. Avec Deus, on joue pour 500 comme pour 5 000 personnes. Le disque doit marcher partout… Et puis c’est mauvais pour ma santé de rester en studio. C’est pas sain, je bois vraiment trop d’Ice Tea.” Longtemps, Deus a traîné une réputation de groupe arty, cérébral. “On a cultivé ça parce qu’on était arrogants. On faisait la gueule sur les photos. On était dans un groupe de rock, il fallait poser un peu ! A force de constater cette image intello, j’ai fini par dire ce que je pense encore : le cerveau, c’est l’organe le plus sexy au monde. Quand je tombe amoureux, c’est toujours de l’humour ou de l’intelligence de la personne. L’objectif à atteindre pour un groupe, c’est de faire danser et pleurer en même temps.” Deus a, il est vrai, davantage fait sangloter et gigoter par le passé : Keep You Close, qui a été enregistré dans le studio personnel du groupe à Anvers, est un drôle de disque. De vrais instants de grâce (Constant Now, The Final Blast ou le formidable titre éponyme du disque) y côtoient des longueurs moins inspirées (Twice ou Dark Sets in pourtant partagé avec l’Afghan Whigs Greg Dulli). Constante de taille : Barman continue d’y chanter comme un dieu, et de confirmer sa position de plus grand rappeur qui s’ignore (The End of Romance). “Ce goût pour le phrasé, ça me vient de Gainsbourg, de Massive Attack. J’ai mis des années à oser parler sur de la musique, à m’affranchir de la mélodie. J’ai atteint un âge où je me permets davantage de choses. Mais je me demande aussi souvent à quoi sert ce que je fais. Il y a tant de problèmes dans le monde, mon cas personnel ne peut pas être aussi important… Et puis après tu écoutes Leonard Cohen et tu te dis que ça peut être important si c’est bien fait.” (inrocks)
C’est la preuve que dEUS reste une formation majeure de la scène rock belge, voire mondiale. Avec ce Keep You Close, sixième album studio, sorti fin septembre, les Anversois Tom Barman et Klaas Janzoons, seuls membres originels de la troupe formée en 1991, donnent une prolongation réussie à leur précédent disque, le formaté grand public Vantage Point (2008). Rien d’étonnant que ces deux derniers opus soient frères de sang : «Après Vantage Point, on est allés directement dans notre studio à Anvers, sans préparation, sans rien, parce que l’on voulait tout écrire ensemble, raconte le Flamand Tom Barman, chanteur-leader, dans un français parfait. Ce sont les morceaux de Vantage Point comme Slow et When She Comes Down qui nous ont inspirés. Mais on désirait un nouveau son et une approche de travail différente. Donc, on a improvisé pendant des semaines en enregistrant tout. Et, à chaque fois qu’une musique nous intéressait, on construisait un morceau autour.» Luxuriante. Mais ce qui distingue surtout ce Keep You Close du musclé et plus froid Vantage Point, c’est la variété des neuf morceaux, ainsi que sa respiration apaisée et luxuriante. Ce qui donne presque une tonalité de bande originale à l’album, qui résonne avec l’appétence de Barman pour le cinéma - il a réalisé un long métrage sorti en 2003. La production, signée David Botrill (ingé son de Peter Gabriel sur So et Us, et de Daniel Lanois) est aussi pour beaucoup dans la réussite de l’entreprise. «On a choisi plus de dynamisme, moins de compression, plus de chaleur, avoue Barman. On avait déjà travaillé avec Botrill sur l’album The Ideal Crash en 1999. C’est un homme très gentil et calme, ce qui est parfait pour dEUS ! On savait que l’enregistrement allait être long et méticuleux.» Foutraque. Avec le titre qui donne son nom à l’album, on se laisse bercer par le violon de Janzoons et les fulgurances vocales de Barman. On poursuit avec le mélodique et joliment foutraque The Final Blast, puis on part dans une chevauchée électrique sous orage et au triple galop (Dark Sets In). Avec Twise, morceau le plus faible de l’ensemble, on est à la moitié de l’épopée. Survient le nerveux et hanté Ghosts, avant le plus laborieux Constant Now, puis le rêveur The End of Romance, où Barman oscille entre spoken word, flow hip-hop et chant de miel. Un tremplin idéal pour le mélodique Second Nature. L’affaire se conclut au mieux avec Easy, ballade habitée qui corrobore le raffinement du chanteur. (Libération)
Serti de cordes cinématiques et emmené par une ligne de marimba riche en souvenirs, Keep You Close ouvre l’album du même nom par un message clair : de retour aux affaires après une dizaine d’années émaillées de disques dispensables, dEUS vise à nouveau le rapprochement des corps via la pop song idéale. Pas de crash en vue, la chanson émerveille ! L’heure serait donc aux retrouvailles ? Lui succède The Final Blast, porté par son marimba inquiet – le fil conducteur du disque ? Dark Sets In déboule ensuite, dissipant les derniers doutes : la fabrique à merveille belge tourne à plein régime. On accroche au refrain, le pied bat la mesure, les guitares décollent : pas franchement un tube, la sombre chanson devrait pourtant faire les belles heures de futurs concerts. En milieu d’album, Twice et Ghosts alternent accalmies et accélérations soudaines, selon une formule chère aux Pixies, tandis que les chœurs assurés par Greg Dulli de Afghan Whigs et les claviers, très présents et travaillés, évoquent de grands compositeurs pour salles obscures (John Barry, Lalo Schifrin et John Carpenter en tête). Serti de cordes cinématiques et emmené par une ligne de marimba riche en souvenirs, Keep You Close ouvre l’album du même nom par un message clair : de retour aux affaires après une dizaine d’années émaillées de disques dispensables, dEUS vise à nouveau le rapprochement des corps via la pop song idéale. Pas de crash en vue, la chanson émerveille ! L’heure serait donc aux retrouvailles ? Lui succède The Final Blast, porté par son marimba inquiet – le fil conducteur du disque ? Dark Sets In déboule ensuite, dissipant les derniers doutes : la fabrique à merveille belge tourne à plein régime. On accroche au refrain, le pied bat la mesure, les guitares décollent : pas franchement un tube, la sombre chanson devrait pourtant faire les belles heures de futurs concerts. En milieu d’album, Twice et Ghosts alternent accalmies et accélérations soudaines, selon une formule chère aux Pixies, tandis que les chœurs assurés par Greg Dulli de Afghan Whigs et les claviers, très présents et travaillés, évoquent de grands compositeurs pour salles obscures (John Barry, Lalo Schifrin et John Carpenter en tête).(magic)
Pour être franc, après le semi-ratage qu'était "Vantage Point", je n'aurais pas forcément misé sur un retour convaincant de dEUS. Et pourtant, "Keep You Close" a quelques atouts à faire valoir et est plutôt un bon disque. Pour moi, dEUS, c'est le vieux copain avec qui j'aurais une relation capricieuse. C'était le mec avec qui il fallait traîner à tout prix du temps de "Ideal crash", gros succès et réputation qui va en grandissant. Mais je n'ai pas tissé de lien avec le groupe, me suis risqué à le rencontrer, mais l'agression sonore à laquelle j'eus droit me rebuta. Il essaya de me convaincre avec son "Vantage Point", mais l'objet était trop médiocre pour me satisfaire, à part la chanson "The Architect" que jappréciai longtemps. Je m'étais quand même mis en tête que j'aurais pu faire ami ami avec ces Belges, dont l'influence est régulièrement ressentie chez les groupes qui veulent faire un rock puissant et racé. On s'est revus en live, dEUS et moi, en 2008, c'était bien, ça ressemblait à un joli happy end. Puis le revoilà. Encore un nouveau disque, au titre on ne peut plus prédestiné. "Keep You Close". Je suis un peu partagé, mais aussi heureux de voir que le groupe a retrouvé quelques forces pour offrir de belles et puissantes ruades dont la valeur moyenne a quelque chose de rassurant, même si elles côtoient des morceaux qui hésitent entre pompeux ("Keep You Close", un peu maladroit avec ses cordes) et un peu emprunté ("Twice We Survive"). Finalement, le vieux pote n'a pas perdu complètement son temps, il a encore des choses à raconter, et j'aime bien l'écouter. Une histoire un peu folle ("Ghost", excellent morceau à la conclusion tonitruante), des mid-tempi pleins de classe ("Constant Now" et ses cuivres, "The Final Blast"), des récits tristes et beaux à la fois ("The End of Romance", "Easy"). On se quitte là-dessus, avec l'espoir de se retrouver plus souvent, et je me jure de donner une nouvelle chance à mes tentatives passées avec cet ami capricieux et parfois formidable. C'est déjà pas mal, non ? (popnews)
Créée
le 22 mars 2022
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