Depuis une discussion éclairante avec les Thugs, ma vision de Steve Albini a changé. Pas génie de la production ni gourou le Steve, mais avant tout un bon enregistreur non interventionniste, attaché à ne pas policer le côté brut des choses. Il ne change pas le plomb en or mais révèle le plomb ultime, garantie 100 % concentré de plomb. Et puis il faut lui reconnaître un certain goût.
Scout Niblett n'est pas la première venue (déjà 4 albums). Forte tête, elle mène sa barque ; présence aride entre PJ Harvey et Nirvana (deux artistes qui ont eu Albini sur leur chemin). Avec elle, la violence la plus rêche alterne avec de vraies accalmies sensuelles (Scout est une charmeuse… mais d'un genre pervers) qui pourront parfois la faire ressembler à Regina Spektor (le piano de This city). Mais ces deux pôles (la baffe et la caresse), s'ils font parties intégrantes de chaque morceau, ne se parasitent pas, ils n'annulent leurs effets. Niblett est le contraire du consensus mou, elle est peut-être folle comme Catpower mais son album est digne d'un haletant tour de montagne russe, bien vétuste, bien rouillé. Histoire de se faire encore plus peur.