Julian Lage – Love Hurts (2019)
Pour cet album, son huitième en tant que leader ou co-leader, le guitariste fonde un nouveau trio en compagnie du contrebassiste Jorge Roeder et du batteur Dave King. Dès la première pièce « In Heaven », ça vole très, très haut, la pièce est enchanteresse et envoie fort, nous voilà prévenus !
Beaucoup de reprises sur cet album, comme sur le second titre, « Tomorrow Is The Question » signé Ornette Coleman, ou les deux compos de Keith Jarrett, « The Windup » en provenance de « Belongig » de soixante-quatorze, ou « Encore (A)» de soixante-dix-huit, il y a également la remarquable dernière pièce de l’album signée de Roy Orbison, « Crying ». Ceci pour indiquer que Julian n’interprète que deux titres de sa composition, « In Circles » et « Lullaby ».
Il faut dire que cet album serait le troisième d’une série consacrée à l’americana, ceci expliquerait cela… mais qu’importe car il est fantastique, ce trio tourne au poil et rien ne vient assombrir ce splendide récital, ses deux acolytes sont des fantastiques, on les oublierait presque, pris de vertige par la splendeur de cette guitare.
C’est l’accumulation des écoutes qui fait prendre conscience de la justesse des deux soutiens, Dave King, fait tout ce qu’il peut pour ne pas être oublié, son jeu de batterie est à l’avant, souvent au centre de la dramaturgie, comme sur « Trudgin’ » de James (Jimmy) Giuffre, il joue plutôt « carré », avec une efficacité terrible.
Jorge Roeder est plus discret mais évidemment précieux et essentiel, élastique et bondissant, en dialogue avec la guitare dont il trace le chemin. Ainsi on se fraie une route dans l’histoire de l’Amérique au travers de ces compos, en caressant le blues, la country et même la pop, le voyage est très agréable et même presque ludique, ainsi, il apporte le sourire aux lèvres…