Emiliana Torrini a mis un peu de temps à trouver la pleine mesure de ses moyens. Son premier album était pris entre l'influence prégnante de son producteur, Roland Orzabal (Tears For Fears), et la figure écrasante qu'impose Bjork à toutes les chanteuses Islandaises et environnantes. AvecFisherman's woman, la jolie brune avait su s'affranchir de ses modèles mais empruntant un chemin plus folk et plus dépouillé, proposait un album un peu rude pour ceux qui avaient apprécié la pop des premiers temps. Me and Armini devient le juste milieu des deux précédents opus. Un album varié, pop, malicieux mais enfermant en son sein une dose de personnalité et quelques ingrédients un peu vénéneux. Quoi de commun entre la pop pimentée par la dub du morceau-titre ou le sautillant big jumps, deux titres qui mettent sur un piédestal une Emiliana solaire et Birds, une ballade cristalline adoptant en son sein quelques détours psychés (ambiance Air), histoire de ne mieux nous perdre et servant de bel écrin à une Emiliana plus introvertie.


Le rapport ? Torrini elle-même, sensible et épanouie dans sa manière d'être totalement elle-même. L'Islandaise se love dans un style pour mieux s'en détacher : hit all before et sa rythmique Tamla Motown lui donne un côté Diva 60's mais à la différence d'une Duffy, elle y incorpore bel et bien un esprit et une énergie d'aujourd'hui. Autre exemple à sens inverse, le magnifique et séquencé Dead Duck se termine dans des fumés jazzy du plus bel effet. On la pense gentille et discrète, on la découvre tribale (Jungle drum), exhalant un parfum de sexe dans un chant charnel (Gun parfait pour une BO de Lynch) ; preuve que la jeune femme, en plus de toucher à différents styles tout en restant pop, laisse s'exprimer différentes facettes de sa personnalité. Chaque chanson est une histoire et on ouvre ce grand livre avec plaisir. Me and Armini est bel et bien le genre de galette pouvant séduire et le grand public et la critique la plus exigeante

denizor
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le 3 sept. 2015

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