Dernier album studio pour Manau au sein de Polydor. Martial et Cédric reviennent avec une proposition qui a de quoi étonner. On se rapproche de Fest Noz de Paname avec un aspect "Montmartre" encore plus prononcé.
C'est surtout dans le choix des thèmes que cet album se démarque. Des tranches de vie comme "Le beurre salé", je comprends mais "On ne rigole pas pour une triplette" qui raconte une partie de pétanque, je m'interroge. On est loin des destinées guerrières du premier album et des récits plus modestes mais intéressant de Premier Pas.
Le thème de l'amour déçu est à nouveau présent ainsi que la suite du morceau "Je Parle" qui se voulait faussement provocateur dans Panique Celtique mais qui, dans sa deuxième itération, ne parvient pas à être aussi marquant que son prédécesseur.
Je retiendrai en particulier "Je sens que j'avance" qui se démarque du reste par son aspect musical. On est dans le hard rock et ça surprend. Manau ne nous avait pas habitués à ça. Le sujet est aussi très intéressant si on l'aborde selon un certain niveau de lecture. Martial se compare à un bousier qui avance en poussant sa boule de merde devant lui.
Un parallèle avec sa propre carrière. En effet, Martial a compris que le vent a tourné, que les gens se sont vite désintéressés de sa musique, faute de promo digne de ce nom. Il n'est plus qu'un insecte, et pas le plus glorieux, traînant péniblement sa carrière que certains considèrent comme étant de la merde.
Le groupe ne se fait pas d'illusion et affiche humblement son statut plus que modeste, en témoigne l'autocollant qui figure sur l'album "Produit par la meuf qui connaît la meuf de la cousine de la meuf qui, un jour, a fait la bise à Dre".
Il faut reconnaître à Manau une volonté de proposer quelque chose de différent. Martial s'est longtemps refusé de s'endormir sur ses acquis et de faire un Panique Celtique 2. La suite de sa carrière n'en est que plus surprenante mais ceci est une autre histoire.