Je viens de découvrir Paco Ibanez.
En disant cela, j'ai un peu l'impression de dire que j'ai découvert l'eau chaude. Je pense que l'oeuvre du chanteur espagnol est une évidence pour beaucoup d'entre vous. Moi, je découvre juste, et c'est une claque monumentale.
Quand on voit que Paco Ibanez a repris Brassens en espagnol (y compris La Mauvaise Réputation, présente dans ce concert), on comprend les affinités qui existent entre les deux artistes.
Paco Ibanez, seul sur scène, accompagné de sa guitare, donne la primauté aux textes, à des chansons engagées.
ça ne veut pas dire que la musique passe au second plan, loin de là. Comme chez son collègue sétois, Ibanez sait que la musique permet de servir les textes, qu'elle n'est pas seulement un faire-valoir.
Et ces chansons, quelles sont-elles ?
Des chants traditionnels, des textes de poètes, des chansons engagées.
Des bouts d'Espagne, cette Espagne qui a souffert sous la dictature, cette Espagne qui n'hésite pas à rire de ses oppresseurs. Cette Espagne où l'Eglise soutient le tyran militaire.
Comme Brassens, on sent chez Ibanez une méfiance des politiques et un amour de l'humain. La défense du faible, du fils contre le père tyrannique.
Et le goût de la révolte.
Et la tristesse de l'oppression, comme cette "Balade de celui qui ne fut jamais à grenade".
Derrière la simplicité apparente de la forme, on assiste ici à un concert profondément humain et émouvant, un concert d'amour pour l'humanité et d'hommage à un pays.
D'hommage à un peuple.
Un concert de combat.
Ce concert date de 1969.
L'olympia devient alors une scène de combat. Une scène politique où les applaudissements montrent le soutien à un homme meurtri.
Paco Ibanez ne pouvait plus rentrer chez lui.
Le concert devient aussi, pour nous, un retour en arrière, une plongée dans une époque où l'engagement politique était plus profond, moins superficiel. Une époque où on rêvait encore que l'on pouvait changer le monde.
Chaque chanson de Paco est une révolution.