Un slam qui fait plan-plan

On m'réclamait l'sixième album mais j'avais pas trop d'idées,
Alors j'ai fait mes fonds d'tiroirs et repris tous mes carnets.
Pensant que dedans y'avait bien quelques rimes qui traînaient,
J'ai pris ce qui était potable et le reste je l'ai bricolé.

Je me drape toujours dans la pseudo poésie du quotidien,
Celle qui fait mouiller les bobos et autres gens qui se disent de bien.
Entre le béton, le gris du ciel et les tristesses minuscules.
Parfois dérisoires sans pour autant être ridicules.

Mais ce sont les mêmes soupirs qui s'élèvent souvent,
Ceux de dépit, quand un titre ne ressemble jamais tant qu'au précédent.
La dithyrambe pousse des hourra devant ce qu'elle proclame poésie
Alors que les rimes pauvres le disputent à une certaine monotonie.

Y'a qu'à écouter J'suis pas Rentré ou Ensemble pour constater l'ampleur des dégâts
Et reconnaître que Grand Corps Malade n's'est pas trop foulé sur ce coup là.
A croire que mes rimes, j'les ai trouvées sur je-rime.com,
A croire qu'écrire est aussi agréable qu'un ostéosarcome.
Et penser que l'ennui s'invite bien trop souvent à pas feutrés,
Un ennui que ma voix monocorde n'arrive jamais à tromper.

Mais tout cela serait peut être le moindre des défauts de mon Plan B,
Surtout que quand on prête l'oreille certains vers nouveaux sont loin d'être foirés
Car ils charrient en eux parfois un spleen qui prend aux tripes,
Une tristesse inattendue à laquelle, comme à une bouée, on s'agrippe.

Mais je me crois moraliste et obligé de glisser dans mes slams au goût daté
L'air du temps, les leçons de morale et autres avis autorisés,
De ceux qui défoncent des portes ouvertes à grands coups de bélier :
C'est devenu une tarte à la crème que de brocarder la Corée du Nord ou le maire de Béziers...
Surtout quand l'oppression n'est qu'un mot et que le concept n'est qu'abstrait.

Quant à Au Feu Rouge qui se rêverait en Chanson pour l'Auvergnat
Elle fleure la bonne conscience hypocrite qui ne connait pas ce que c'est qu'l'exil et les gravats.
La petite Lily de Pierre Perret pourra continuer à se taper les sales boulots tranquille,
Car les lieux communs et les poncifs s'embrassent pour vivre une charmante idylle,
Tandis que Brassens et Balavoine avaient su trouver les mots pour les exclus et les moins que rien,
Ce coup-ci, mon Plan B a tout de l'album souffrant d'un gros coup de mou et sans entrain.

Behind_the_Mask, Grand Corps Moran.