Minamata, c'était mieux avant (ou pas ...)

Je n'avais pas encore eu l'occasion d'écouter un album des français de Minamata datant des années 2000, mais c'est désormais chose faite. Minamata produisait au milieu des années 80 une musique industrielle marquante par sa radicalité, ses tendances bruitistes et ses envolées franchement boum-boum, et il me tardait donc de connaître l'évolution du groupe après une trève de plusieurs années.

Le son de Minamata a clairement évolué, délaissant un peu les rythmes et les percussions ultra-bovines que j'appréciais tant, pour s'orienter vers un style proche du Dark Ambient et du Power Electronics, mais le constat s'impose : Minamata demeure une référence majeure quand il s'agit d'envoyer du gros son qui tache ! Les percussions sont certes moins lourdes et moins présentes que par le passé, mais Minamata ne semble toujours pas apprécier l'épure, les creux ou les silences, et encore moins les ambiances feutrées ; au contraire, il privilégie dans ses collages et ses samples les sons énormes qui évoquent davantage une explosion thermo-nucléaire, un tsunami, une avalanche dévastatrice, ou bien encore le grondement d'un réacteur d'avion de chasse, que la caresse délicate d'un léger vent printanier. Si on ajoute à cela que le son de Minamata joue ici très peu sur les saturations, mais plus sur la puissance et la juxtaposition des couches sonores, on obtient au final un disque d'une densité hors du commun.

Au cours de mes déambulations dans la nébuleuse industrielle, j'ai souvent l'occasion d'être malmené, agacé ou ennuyé, mais rien de tout ça ici, la musique de Minamata me fascinant beaucoup plus qu'elle ne m'agresse, signe peut-être que le groupe sonne juste.

Un album que je conseille donc vivement aux amateurs de sons énormes produits par un groupe qui vise plus à atteindre l'efficacité qu'à produire des sons irritants et exaspérants en enrobant le tout d'une caution expérimentale ou conceptualisante qui a parfois bon dos. Et qui prouve au passage qu'en France, on a des talents, malheureusement pas toujours reconnus à leur juste valeur. Mais je crois que Minamata est un groupe qui s'exporte plutôt bien et qui jouit à l'international d'une renommée amplement méritée.

Note : Minamata était constitué en duo puis en trio dans les années 80 mais il est composé depuis le début des années 2000 du seul Tiburce, l'un des membres fondateurs du groupe qu'on retrouve aussi aux manettes de l'autre grand groupe français bruitiste des années 80, La Nomenklatur. Sachez également que la plupart des disques de Minamata se vendent à des prix dérisoires, notamment via le label Les Nouvelles Propagandes, et plusieurs d'entre eux se présentent sous la forme d'un combo CD/DVD qui permet de rendre compte des performances très marquantes de l'artiste sur scène. Donc aucune raison de s'en priver et l'occasion également de soutenir les labels et distributeurs indépendants qui font un travail de l'ombre souvent mal récompensés !

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Minamata sur Discogs : https://www.discogs.com/artist/76940-Minamata

Ecouter l'album sur Bandcamp : https://lesnouvellespropagandes.bandcamp.com/album/politkovska-a

Ecouter l'album Tomoko Uemura enregistré en 1989 : https://lesnouvellespropagandes.bandcamp.com/album/tomoko-uemura

Le label Les Nouvelles Propagandes sur Bandcamp : https://lesnouvellespropagandes.bandcamp.com/