Voici un enième disque from Jamaica que je commente et pourtant, ce ne fut pas joué d'avance. Il s'agit là d'un domaine musical où j 'ai mis beaucoup de temps à m'y intéresser et s'il ne m'a fallu qu'une seule porte pour y rentrer, je l'ai défoncée dans tous les sens. Putain, la vache le Rocksteady, Man, la meilleure musique du monde.
Ouais, sans conteste, la plus pure, la plus directe et surtout la moins souillée et ce dernier point s'explique. Déjà dans la localisation, puisque, au plus haut de son succès, la musique est restée confinée sur l'île, et dans l'unité temporelle vu que la période a duré 3 ou 4 ans au maximum, bien lotie entre le ska dernière génération, le rude boy, et, bien sûr, le reggae.
D'ailleurs, les chanteurs de reggae, y a pas à chercher, s'il y en a des bons et des mauvais, ok, les mauvais y prennent un micro, un splif et ils chantent du reggae, les bons eux, prennent un micro, un splif et ils chantent du rocksteady. Tous les caïds y sont passés
Pourtant, tous les caïds du rocksteady ne sont pas devenu des balèzes du reggae pour autant. Alton Ellis, en première ligne et le duo star de cette revue, Keith & Tex. C'est pourtant l'histoire d'un duo composé de Keith Rowe et de Philip Texas Dixon, qui a connu un privilège rare en Jamaïque, celui de travailler avec les deux plus gros producteurs de l'ile, Derrick Harriot et Lee Scrach Perry (Junior Murvin a aussi eu ce privilège)
Derrick Harriot étant l'équivalent au rocksteady de Lee Perry au reggae, c'est à dire un novateur hors pair ouvrant sans cesse de nouvelles perspectives, il trouve tout de suite la recette pour nos deux lascars, tout chanter à l'unisson, créant ainsi une linéarité entre chorale et chant principal instillant un mood sexuel jamais égalé ailleurs, à part par kKeith Rowe en solo sous la houlette de Lee Perry qui poussera cet aspect au paroxysme pour un EP d'anthologie "Groovy Situation".
Bien sûr, vu que l'ile n'a pas connu les trente glorieuses, la notion d'album pour petit blanc est arrivée bien plus tard et ici, nous avons le droit à un simple recueil de leurs titres emballés et vendus à l'unité, sur une face. Vous pouvez y aller les yeux fermés, à condition d'ouvrir les oreilles.
PS: C'est marrant car il y a un film où on voit bien le procédé d'enregistrement de ces EP à peu près à la même époque et ce film commence justement par une reprise de leur titre le plus célèbre, Stop That Train méchamment usurpé en Draw your brake par Scotty (???) Le film, cherchez vous même, c'est une bonne initiation