La fourche du rock

Un classique contemporain, cet album légendaire de Queeens Of The Stone Age m’a vraiment plu. Je dois dire que j’étais un peu septique avant l’écoute de l’album, je savais que c’était un grand classique de ces dernières années, mais néanmoins je restais quand même un peu dubitatif par rapport à ce que j’allais écouter.

Et encore une fois je me suis totalement trompé, je suis tombé sous le charme de ce groupe et de cet album. Ce mélange de hard rock et d’alternatif rock, combinés à la voix de Josh Homme et on obtient un album extrêmement efficace et percutant. Songs For The Deaf, album concept de plus d’une heure, nous propose dans ses thèmes et sa musique un voyage lugubre à travers les paysages californien. Ce sentiment de voyage est renforcé par les nombreuses coupures radios présents dans l’album, ce qui donne un véritable sentiment d’immersion et de proximité. On est dans ce voyage, on est transporté pendant une heure dans ce voyage complètement surréaliste et mystérieux.

« Je n'avais pas de lecteur CD, juste une radio qui oscillait entre des émissions religieuses bizarres et de la très, très mauvaise musique alors que je roulais au beau milieu de nulle part. J'avais donc appris à savourer les moments de silence, jusqu'à ce que, tout à coup, la station sélectionnée crache un bruit et que la radio change pour une nouvelle station. J'ai simplement voulu adapter cette expérience en un album »

Josh Homme

En effet, au-delà de cet aspect immersif, il y a aussi ce côté expérimental qui agrémente la totalité de l’album. Et ce tout donne un album juste génial, on est pris dans la musique, dans une spirale délicieuse et fascinante.

Évidemment la plus grande de l’album reste la composition qui est parfaite ; on est sur un style très brutal, très écrasant, avec notamment ces guitares qui percent le silence, qui vibrent en nous comme des coups de poignards à répétitions. La voix de Josh Homme, elle, est juste parfaite, on est sur un timbre de voix à la fois naïf, presque insolant et insouciant, et par rapport aux thèmes de l’album c’est juste parfait, ça illustre bien l’idée d’un mec qui en a plu rien à branlé et décide de partir n’importe où, là où la vie le mènera. En plus, je trouve qu’il y a un côté volontairement sale et laid dans les instruments pour vraiment donner cet aspect poussiéreux et ancien à l’album, ce qui permet de lui donner un certain charme en plus.

Plusieurs morceaux de l’album m’ont particulièrement plu et touchés dans leurs musiques et leurs sujets. Je peux noter le morceau le plus connu du groupe, No One Knows que j’adore par ses rythme très endiablés, très insistants, presque erratiques, combinées à une voix beaucoup plus calme et exaltée.

Je peux aussi noter The Sky Is Fallin’ qui suit un peu la même esthétique dans la voix. Cependant les percussions sont traitées d’une façon totalement différentes, on est sur une grosse brutalité, avec des rythmes très écrasants et percutants ; entrecoupés par des interludes beaucoup plus douces et énigmatiques.

Mais celui qui m’a le plus marqué est évidemment Go With The Flow. Selon moi le meilleur morceau de l’album et le plus profond, Go With The Flow traite à travers une ambiance très mélancolique l’histoire d’une femme qui passe sa vie d’une relation à l’autre sans vraiment concrétiser quelque chose de sérieux. Et ce thème est illustré par des paroles simples mais profondes, à travers une abstraction quasi surréaliste, des mots symbolisant l’absence, le perpétuel mouvement, le temps… Encore une fois, ce sont des paroles simples mais terriblement efficaces que nous offre le groupe.

« It's so safe to play along

Little soldiers in a row

Falling in and out of love

Something sweet to throw away

I want something good to die for

To make it beautiful to live

I want a new mistake

Lose is more than hesitate

Do you believe it in your head? »

Songs For The Deaf, Go With The Flow

Pour ce qui est de la musique en elle-même, il s’agit d’une sorte de trip mélancolique, presque transcendantal, où les rythmes sont extrêmement investis dans la représentation de l’idée du constant mouvement, ils sont omniprésents, et les samples rajoutés par-dessus les instruments ne font que renforcés encore plus cette idée. La voix de Josh Homme suit le tout dans un ton désabusé, tragique, on sent toute la douleur de cette femme qui en a plus rien à foutre de tout et qui veut juste que ça s’arrête. Et l’interprétation est juste parfaite.

J’ai bien fait de suivre mon intuition car honnêtement je viens de dénicher une pépite sonore. Un classique incontournable qu’il ne faut surtout pas négliger.