Meghan Trainor fut la bonne surprise de l’année 2015, le petit vent de fraîcheur que l’on ne s’attendait pas à voir souffler sur la pop américaine. Avec ses mélodies faussement désuètes, ses bonnes joues et son ukulélé, elle se tenait à l’écart de la guerre des poputes à poompoom shorts et s’en portait bien ainsi, merci.
Mais le problème de ceux qui soufflent un vent nouveau, c’est que leur différence s’évente vite ; le cap du deuxième album est ainsi particulièrement périlleux. Le premier single –NO– n’a d’ailleurs pas manqué de bousculer les supporters de la dame : après une introduction aux vibes vintages en guise de passage de relais entre les deux albums, il transformait Meghan la meringue fifties en tigresse de cuir moulant, descendante assumée de la Britney Spears de l’âge d’or.
Pourquoi pas, après tout ? Il est même plutôt positif de voir qu’une chanteuse qui s’est vendue sur son XL puisse se revendiquer objet de séduction sauvage et de désir. Une pop star comme toutes les autres, en somme. On ne saurait si bien dire : THANK YOU est une compilation, un album sans personnalité ni propos, un enchaînement de titres qui « rappellent machin » ou « auraient pu être chantés par truc ». Mentions spéciales et émues pour « I Won’t Let You Down » (qui aurait mérité d’être le titre estival d’une étoile filante) et « Me too », véritable horreur auditive qui évoque les heures les plus sombres de Will.i.am. Sur ces mélodies banales à pleurer, la voix de Trainor se noie jusqu’à devenir générique ; son univers se lisse et lorgne du côté de Mark Ronson (« Watch Me Do »), Britney Spears ou Ariana Grande (« Champagn Problems »).
Reste quelques titres rescapés, joliment simples (« Mom », « Just a Friend to You ») ou entraînants (« Dance Like Your Daddy », I Love Me ») qui ont le malheur de nous rappeler la légèreté du premier album. Merci, ce sera tout.
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