Je ne sais pas si c'est mon "esprit scientifique" ou mon côté tendance hipster mais j'ai toujours eu une pulsion intérieure m'amenant à renier ce que la majorité loue ou présente comme un chef d'oeuvre. Bachelard me dit de le soumettre à la critique, ce que je fais même si cela peut-être tardif, en attendant j'aime me poser comme un détracteur et dire haut et fort mon opinion. Ou plutôt, mon préjugé. Ce fût le cas pour les génies que sont Pink Floyd, j'en entendais parler à longueur de journée à cause de mon meilleur pote; donc forcément je dénigrais. Puis j'ai écouté et ce fût l'extase immédiate. Contrairement à une longue liste d'autres groupes que j'ai tardivement vraiment écouté pour me forger un avis plus qu'un préjugé, Nirvana, Muse, Radiohead, et aujourd'hui The Velvet Underground.

Je ne vais pas m'étaler longtemps sur le sujet mais autant vous dire que je suis de bonne foi pour le coup. J'aime bien Lou Reed, surtout sa période autour de l'album Berlin par exemple, j'aime bien la musique pop rock des années 60/70 dans une certaine mesure, j'aime bien les groupes qui expérimentent, donc je n'ai pas d'appréhension d'écoute à la base. Pour commencer, le mixage est simplement ignoble. J'imagine que c'est lié aux moyens du groupe, si c'est voulu c'est déjà un point négatif. Mais bon, faisons avec ces désagréments, passons outre. L'album commence bien avec des mélodies prenantes et enjouées, les trois premiers morceaux valent le détour. Puis vient Venus in Furs, puis All Tomorrow's Parties et là... On s'enlise. On s'ennuie. On lancine, on se débat dans l'endormissement. Le côté hypnotique, somniférique dirai-je, est probablement voulu avec ses effets aux violons ou aux cordes qui font une sorte d'atmosphère brumeuse, lourde, pesante, comme dans un sauna.

Ca pourrait sérieusement me plaire, je n'ai rien contre les ambiances lourdes, encore faudrait-il qu'il y ait une âme, un fond, une lourdeur oppressante, angoissante ou au moins dérangeante. Non là on est juste "posés", "tranquilles", une torpeur mortifère et paralysante. Juste le spleen, l'ennui, l'absence totale de vie, de volonté, de mouvement, d'effort, de pression, ni de notre part, ni sur nous. La définition même de l'ataraxie nauséabonde. Le confort engourdissant. Encore que leur musique n'est pas "confortable" mais c'est leur atmosphère. C'est la mort idéale, sans réaction, sans souffrance, sans vitalité ultime. Il en va de même du synthé tout le long de Heroin qui pourtant aurait pu être une merveille proto-punk si la guitare avait joué son rôle en détruisant le synthé. Certes sur la fin ça part mais c'est la dernière décharge, ça ne suffit pas, on n'y croit déjà plus, on nous a déjà perdu...

On a quelques perles très proches de ce qu'Iggy Pop fera plus tard en un peu plus rock, There She Goes Again notamment, ce qui n'est sûrement pas pour me déplaire. Des mélodies très sympathiques, genre I'll be Your Mirror, mais ça ne suffit pas pour rattraper le reste malheureusement. Il reste des sursauts de vivacité sur la fin avec European Son et ses guitares surexcitées, et on retombe très vite dans la répétition, comme s'ils avaient voulu se poser en précurseurs de Nirvana avec cette qualité de son médiocre et la créativité en berne par moment. Je n'ai jamais cru qu'ils faisaient n'importe quoi, par exemple dans ce dernier morceau, c'est probablement "calculé" mais ça n'en reste pas moins bof. Disons que ça me laisse de marbre, que je ne suis pas sensible à ces expérimentations là, contrairement à d'autres parfois encore plus bruitistes. Disons pour finir, que j'ai parfois raison avec mes préjugés et que même souvent ils me préservent de beaucoup de merdes potentielles. Enfin là n'est pas le sujet puisque c'est pas merdique ici, juste pas terrible.
White-Fangs
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes 1001 Albums You Must Hear Before You Die et On m'a dit que c'était bien, mais non.

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le 23 juil. 2012

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le 23 juil. 2012

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White-Fangs

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