J'ai toujours eu un rapport assez intime avec l'oeuvre de "Mother Mother". Fan de la première heure (ou disons deuxième, puisque c'est seulement avec "O my Heart" que je les ai découverts), j'ai d'emblée accroché à leur approche musicale colorée ; à leurs folies de compositions folk/rock, à ces choeurs de filles qui, tout en excentricité, font des merveilles sur chaque refrain, envoyant chaque ritournelle dans d'autres dimensions auditives. Peu importe ce que l'on pense de ce grand groupe pop des années 70 mais pour moi, Mother Mother sont les ABBA du Rock, même s'ils ne sont pas suédois mais canadiens. C'est donc avec impatience que j'attends chacun de leur album. Même si leur précédent "The Sticks" montrait une légère baisse d'inspiration, il offrait des titres toujours aussi merveilleux et déjantés qui permettaient de garder espoir quant à leurs prochains opus.

Le premier single "Get Out The Way" était sorti en début d'année et m'avait laissé une drôle d'impression ; pourtant rock, ils lâchaient les guitares pour une production bien plus électronique. Néanmoins, je ne peux pas nier avoir gardé un certain temps le refrain, simple et efficace, en tête. Le deuxième single, "Monkey Tree", sorti il y a deux, trois semaines, confirmait ce que je pensais sur le côté "sur-produit" des morceaux tout en apaisant mes craintes. Même si très évident, "Monkey Tree" est un tube synth-pop en puissance, avec un arpeggiato accrocheur et un refrain où la bande rejoue sur la merveille de leurs vocalises. Même leurs "lalalalala" sur le pont sont, certes kitchs mais jouissifs.

En me renseignant, j'apprends que le groupe a quitté leur label "Last Gang Records" pour "Universal Music Canada", ce qui leur permettrait d'avoir une plus grande publicité et visibilité internationale. Ce n'est pas sans me déplaire, j'ai toujours pensé que le groupe n'avait pas la notoriété qu'ils méritaient, les médias ou même les magazines spécialisés et indépendants en parlant rarement, préférant des groupes bien plus mauvais et moins musicaux. Par ces méthodes, je ne serais peut-être plus un des seuls à les défendre en France et il sera enfin possible de les voir en concert ailleurs que dans leur pays natal ! J'apprends aussi qu'ils ont décidé de prendre un nouveau producteur du nom de Gavin Brown, entre autres derrière "Metric" et "Stereos", ce qui expliquerait le formatage électro-pop adopté. Je reste optimisme alors en ce qui concerne les autres huit pistes formant l'album.

"Modern Love", le troisième morceau commence, je fronce les sourcils. C'est quoi cet instrumental digne d'un mauvais Lady Gaga ? Certaines critiques canadiennes y voient des airs de Depeche Mode, mais non ! Je suis en train de me faire leur discographie, ça n'a rien à voir ! J'attends alors le refrain pour une montée en puissance, où le groupe va montrer leur potentiel vocal et musical et là... Non, rien non plus. C'est hyper classique, plat, morne même. Petit faux pas je me dis, on change tout de suite de piste. Ah ! Un morceau pop-rock ! Ils savent y faire généralement dans le domaine, allez-y montrer tout votre savoir-faire ! Oui voilà, de vraies caisses, une vraie gratte et... Mon Dieu ? C'est quoi ce synthé ? Même ABBA n'aurait pas osé durant leur fin de carrière ! Et puis, c'est mou... La composition se veut plus complexe, moins couplet/refrain mais on s'emmerde, de même pour le titre suivant, dans le même genre, on ne retient rien ! Je m'en vais écouter "Chasing in it Down" pour me remettre.

Allez, on reprend en milieu d'album... "Have It Out" est plutôt intéressante, atmosphère accompagnée de kicks sous reverbs et la bande qui semble improviser des mélodies. Vient ensuite le titre éponyme, avec un synthé tout aussi dégueu que les précédents, mais là encore c'est passable même si loin d'être mémorable... disons que ça pourrait faire le boulot en tant que troisième single. "Kept Down", dans le genre ballade calme, fait pale figure à côté de "Burning Pile" ou n'importe quelle autre de leur ballade d'ailleurs. "Should If You Know" ferait presque illusion en morceau rock si on ne sentait pas à quel point c'est calibré. Puis le dernier "Alone and Sublime"... je me suis quasiment endormi, alors que jamais "Sleep Awake" m'a fait cet effet.

Ce cinquième opus est leur plus court en nombre de pistes et de minutes, et l'adage qui dit que "plus c'est court, plus c'est bon" est ici mis à défaut. "Very Good Bad Thing", dont le titre compte un mot de trop, est leur moins bon et si ça se trouve, vu ce choix de nom, ils en sont conscients. A l'image de la pochette, ils ont voulu faire différents, mais je préférais les petits dessins sur les précédentes, signe de leur inspiration débordante. Celle-ci fait ici clairement défaut, le pire étant que c'est clairement censé être un album commercial à l'écoute de la production. Pourtant ils ne prennent même pas la peine d'offrir plus que les deux singles qui ouvrent l'album ! Vous pouvez vous arrêter là d'ailleurs et retourner écouter "O My Heart" ou "The Stand" qui resteront leurs sommets. En attendant la suite, qu'un miracle se produise, et j'y crois, espérant que ce n'est pas que le début de la chute...
Strangeman57
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le 11 nov. 2014

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