19ème histoire du cow-boy solitaire, 9ème tome publié, mais surtout premier album signé Goscinny ! Morris l'invite dans son monde car il sentait bien que ça ne pouvait que fonctionner entre eux, même humour, même passion de l'Amérique. Morris disait :
Pour la télévision américaine, il avait fait un scénario de film d'animation, et j'avais trouvé qu'il avait un humour très visuel, ce qu'il faut pour la bande dessinée où il ne s'agit pas de faire de la littérature. Alors je lui ai demandé de travailler pour Lucky Luke.
Quoi de plus symbolique que de s'attaquer au mythe du transcontinental qui est l'un des fers de lance de la conquête de l'Ouest. "L'influence civilisatrice du rail" va finir par convaincre Lucky Luke de donner un coup de main et de relier l'autre bout du pays. Bien que c'est le premier album avec une fin Lonesome cow-boy, ce dernier ne sera pas du tout détaché de son sujet. Il ira jusqu'à dire "Citoyens honnêtes! Au travail !!! Le chemin de fer c'est le progrès!"
L'album est globalement de bonne facture avec une belle critique de l'opportunisme, dont on peut avoir une lecture très contemporaine :
-> Cet éleveur bovin de la région insultant Lucky Luke dans les termes suivants : "je vais te faire passer le goût du pain, espèce de...végétarien !!! C'est en bouilli que tu sortiras de ce saloon" pour finalement se tourner la planche d'après dans l'exploitation du pétrole. Des profils que l'on retrouvera dans Des Barbelés sur la prairie.
-> On a vu des situations de la vie réelle caricaturée en BD par la suite. L'inverse est aussi vrai dans cet album ! Dans le cas du passage du train en East et West City (deux métropoles rivales) on ne peut que faire le lien avec la situation inextricable réelle de l’itinéraire du TGV entre Nancy et Metz qui a finalement donné la gare de Lorraine TGV, vraiment au milieu de la prairie pour le coup.
Autrement le dessin est encore en rodage et Goscinny nous livrera des scénarios bien plus denses dans les années à venir.
Cet album initie donc une collaboration qui durera 20 ans et 36 albums, l'âge d'or de Lucky Luke. Une complicité résumée par Morris :
Il me dit toujours qu'il sait à l'avance comment je vais dessiner son texte ; et moi, quand je lis ce texte, je sais très bien ce qu'il veut, comment il le voit. En fait je suis assez fidèle à ce qu'il demande.