Avant l'ère du messie, le sang coulera au pays de Canaan

X-Force revient. Cette fois il ne s'agit pas d'enfants soldats à la botte de Cable. Non, ce sont des tueurs, des guerriers sans pitié, des machines, des armes au service de la volonté du chef mutant Cyclope. Le complexe du messie a déclenché la guerre d'extinction de la mutanité. Il s'agit de vie ou de mort et les x-men ne sont pas de taille dans un tel combat où les considérations morales ne pardonnent pas. En attendant le retour du messie mutant qui sauvera l'homo superior, la x-force agit dans l'ombre et contre les menaces mortelles qui pèsent sur les survivants du gène X. Voilà pour le pitch...

Au scénario, ce premier arc m'a séduit. Le complexe du messie a permis le retour de l'espoir, mais aussi l'avènement d'une sombre ère de transition. Tandis que la série Cable lancée elle-aussi suite au crossover nous permet de voir grandir le prophète mutant et d'embrasser l'aspect positif, cette présente série se veut une plongée dans ce qui se fait de plus trash et sale chez les x-men. Leurs ennemis sont innombrables, le fanatisme les entoure et la guerre se meut en réalité pour le petit groupe formé autour de Wolverine.
Dans la trame générale, l'ensemble se montre relativement agréable malgré une certaine dérive What the fuck. En terme de continuité, cet arc demande de sacrés acquis par ailleurs. Les multiples divisions au camp anti-mutant rajoute un peu de piment et achève de mener le sixième épisode en apothéose. Wolverine l'affirme, lui même n'y comprenait plus rien au milieu de cet enfer, de ce carnage, de cette bataille où anges et démons se confondent jusqu'à ce qu'une lugubre lumière n'éclaire le charnier d'une vérité nouvelle: les membres de l'équipe ont perdu à jamais leur innocence...

L'aspect "franchir la ligne", les dilemmes moraux appréhendés différemment selon les personnages constituent un autre intérêt de la série. Le personnage d'x-23 se voit écrit à la perfection, touchant tout en étant aussi dur que le rock. Qui mieux que les créateurs de Laura pour nous faire ressentir une telle empathie avec ce soldat de toujours. En vo, l'un des discours de Logan à sa protégée se montre saisissant, encore davantage quand on découvre la manière dont son élève le comprend dès la scène suivante. "She's who we die for!"

Un autre personnage occupe l'espace de cet arc. L'ange de la mort lui-même revient. Warren perd le contrôle - cédant à la douleur aiguë - et Death se déchaîne. C'est loin de la qualité d'écriture du personnage lors de la série Factor-X des années 80/90 mais Dark Angel étant mon mutant préféré je ne vais pas me plaindre.

Enfin, je garde le meilleur pour la fin à savoir Clayton Crain qui donne tout l'intérêt à cette x-force. C'est un dessin extrêmement fort, sachant jouer sur l'ombre et le flou des visages tout en donnant une sensation de graphisme léchée. Il transmet énormément dans les scènes de carnage et transcende cette violence pour lui donner une vrai utilité. Souvent les comics Wolverine me dégoûtent, ici la violence esthétisée gagne en symbolique et confronte réellement les personnages au sang qui les éclabousse. Wolverine obligeant ses troupes à regarder la pile de cadavres ce n'est pas gratuit, x-23 sautant à la grenade ce n'est pas fun, Félina se repentant sur ses crimes abjectes et sur ses victimes encore chaudes ce n'est pas "intéressant". C'est quelque chose d'autre, et essentiellement grâce à Crain.