Akatsuki, tome 2
6.5
Akatsuki, tome 2

Manga de Motoki Koide (2016)

Hibiki, Kirisa et moi : critique des tomes 1 et 2 de Akatsuki

Première série de Motoki Koide, terminée en neuf tomes, Akatsuki est paru chez nous avec la sortie simultanée des deux premiers tomes. Un bon moyen d'entrer dans l'univers de la série et d'aller au-delà de la phase introductive.


Pour résumer à grands traits l’intrigue : les kiriishi sont des médecins un peu spéciaux. Ils combattent des malades infectés par une maladie : Akatsuki. Ils sont les seuls à pouvoir opérer. Cette maladie transite par l’air, l’eau… et transforme son porteur en monstre (il en existe différentes catégories) et réduit – en général – très fortement l’espérance de vie de l’infecté (le malade n’a plus que quelques heures ou jours à vivre). Pour soigner le mal, les kiriishi utilisent des claves : des lames (épées, sorte de haches…) mises au point à partir des monstres capturés. Ou plutôt scellés : le kiriishi utilise son clave pour éliminer l’akatsuki et ensuite il l’enferme dans un tube à essai. C’est l’akasection.


Hibiki et Kirisa sont deux kiriishi débutants, au bas de l’échelle dans la hiérarchie. Ils éliminent donc des akatsukis plutôt faiblards, ne se font pas beaucoup d’argent et aspirent à grimper dans la hiérarchie pour travailler plus et gagner plus, affronter des adversaires plus puissants, manger et se laver plus souvent…


Comme tout bon duo qui se respecte, celui-ci est un peu dépareillé : Kirisa est la bonne élève, qui a bien appris le contenu du manuel du parfait petit kirishi pour savoir quoi faire sur le terrain quand Hibiki est plus tête brûlée, collectionne les figurines, n’est pas trop versé dans l’apprentissage ni dans le respect de la hiérarchie. Son passé n’a pas l’air bien rose. Alors que Kirisa prend sa tâche à cœur, veut à la fois traiter le mal mais aussi prévenir (trouver la source d’infection), se moque de gagner bien ou mal sa vie, Hibiki apparaît plus attiré par l’argent, la volonté de se distinguer du reste de ses semblables quand sa coéquipière mise plus sur le « perfectionnement intérieur ». Le duo représente donc deux positions différentes par rapport au métier de kiriishi (justice versus argent) mais d’autres versions existent et se dévoilent au fil des pages et des rencontres. Pour autant, s'ils sont différents le duo possède aussi quelques traits de complémentarité appelés à se développer.


Les deux premiers tomes donnent un aperçu de quelques catégories des bestioles à éliminer (avec un bonus en fin de chapitre nous expliquant l’origine des monstres aperçus dans les pages qui précèdent), contiennent la dose d’humour attendue (Kirisa et Hibiki n’ont pas le même caractère donc parfois ça fait des étincelles quand ils ne sont pas surpris dans une position malheureuse) et permettent de croiser les robins des bois du coin ainsi que quelques hauts placés chez les kiriishi. On soupçonne quelques intrigues et mauvais coups à venir et nous terminons avec une poignée de kiriishi de grade 1 (dont nos héros) embarqués dans une épreuve permettant de passer au grade supérieur (avec examen écrit et petit séjour sur l’île du vieux tombeau).


Akatsuki fait alors surgir quelques questionnements touchant tant au métier de kiriishi (donner la mort d’un côté pour préserver la vie de l’autre) qu’aux motivations des personnes qui l’exercent et à l’origine des akatsukis. Déjà on peut se dire que l’origine de cette maladie n’est pas forcément le fruit du hasard et sert quelques intérêts, pourrait permettre de créer des hybrides… La suite infirmera ou confirmera cette prédiction.


Du point de vue graphique, on s’habitue bien à l’allure des personnages et des monstres même si le visage des premiers n’est pas toujours extrêmement précis. Les armes ne tranchent pas par leur originalité. Les décors ne sont pas énormément détaillés (à part lors du passage par le village de Kuzuryû). Les scènes d’action ont une mise en scène plutôt pas mal. En somme, il n’y a pas de quoi crier au scandale.


Ce qui surprend, en revanche, c'est lorsque l’on parcourt la fin du tome 1 de Akatsuki. On arrive alors aux « Notes sur les personnages » (également présentes à la fin du tome 2), qui concernent nos deux héros : Hibiki et Kirisa.



  • Pour le premier on peut lire : « Il est le fruit de deux mois de travail infernaux. En tant que nouveau venu dans le métier j’étais super motivé pour proposer un héros qu’on n’aurait jamais vu auparavant et sa première version était une brute épaisse. »

  • Pour la seconde on apprend qu’au départ il était prévu qu’elle soit un garçon : « En effet, je trouvais l’idée d’un duo masculin originale. Toutefois une héroïne étant indispensable dans un manga, je l’ai brusquement transformé en fille. »


Un duo masculin, est-ce vraiment une idée originale ? Je ne suis pas complètement convaincu. Idem concernant Hibiki qui ressemble physiquement à Naruto, ses traits de caractère aussi et pas mal d’éléments présents dans les deux tomes font penser au manga de Masashi Kishimoto (qui lui-même a puisé du côté d’autres mangas..). Autre point commun avec le mangaka de Naruto : Koide nous dit qu’il a du mal à dessiner les filles. Il ajoute aussi que les filles « hyper girly » ce n’est pas trop son truc, qu’il a du mal à introduire des petits cœurs et autres hi hi, hu hu, kyaah… alors que peu de femmes les emploient dans la vraie vie. Cette remarque est source d'interrogations : pourquoi le faire alors ? Faut-il placer des « éléments mignons » parce qu’on dessine des filles ? Pourquoi reproduire des stéréotypes si l’auteur lui-même n’en veut pas ? Le respect des codes passe-t-il avant tout ?


Côté édition, le travail réalisé par Pika est de bonne facture que ce soit pour la couverture ou le tome. Les pages se tournent bien, pas de bavure à signaler. La traduction de Claire Olivier (B.L.A.C.K. Studio) ne pose aucun problème.


En somme, les deux premiers tomes de la série – soit 8 chapitres/manuscrits – permettent de se familiariser avec l’univers de Akatsuki et de se dire que l’on est en terrain connu. Peut-être trop. Le manga ne brille pas par son originalité, aussi si vous êtes déjà calés sur de telles thématiques, il n’est pas garanti que la série vous fasse éprouver cette étincelle, ce petit plus, qui fait que vous choisirez cette série. Je continuerai quand même à la suivre, pour voir où est-ce que l'auteur nous conduira. Après tout, on peut commencer sur des sentiers bien connus pour mieux s'en éloigner par la suite.

Anvil
6
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Créée

le 9 mars 2016

Critique lue 201 fois

Anvil

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