Au Japon, Avant-Garde Yumeko est avant tout connu pour être la première œuvre reliée de Shūzō Oshimi, après un accueil en triomphe de la part des lecteurs du Monthly Young Magazine. Le one-shot fait donc figure d’objet de culte pour le lectorat du talenteux mangaka, dont les principales thématiques phares sont ici déjà établies. Ainsi, on ne s’étonnera pas que la découverte de soi par le biais de la sexualité ou que la relation de soumission/ dépendance, pour ne citer que les plus reconnaissables, dominent le récit. C’est également l’occasion d’ouvrir le premier des trois arcs de son œuvre, celui de la recherche identitaire.
Trop puéril pour séduire l’amateur d’érotisme ; trop adulte pour s’adresser à la jeunesse ; il est évident que l’auteur se cherche encore. Ce besoin de jeter un oeil de l’autre côté de la frontière sans pour autant oser la franchir (malgré un final pour le moins inattendu) caractérisera encore une petite dizaine d’années le style de Shūzō Oshimi. L’héroïne attachante dans sa passion honteuse, le grotesque des situations et, finalement, l’épanouissement de l’être, en font un manga sympathique et définitivement hors-normes.