Black Jack
7.9
Black Jack

Manga de Osamu Tezuka (1973)

Black Jack, chirurgien de la Vie

Osamu Tezuka, légende du manga moderne dont il a en grande partie instauré les fondements à lui tout seul en 700 œuvres, 70 séries d'animation et 170 000 pages dessinées de sa main, est connu pour son grand humanisme, son souhait de transmettre l'amour de la vie et de son prochain à travers ses œuvres. Et quoi de mieux pour aborder le questionnement de la valeur de la vie et de la nature humaine que le thème de la médecine ? Hein, quoi ?... La science-fiction post-apocalyptique ?... Mais ta gueule, toi !
Black Jack nous raconte les aventures de Black Jack (Merci, Captain Obvious !), un médecin virtuose du scalpel sans diplôme qui opère des patients clandestinement pour plusieurs millions de yens, sans faire de distinction entre les innocents méritants au grand coeur et les horribles crapules bonnes pour une embauche à vie chez l'ami Lulu. BJ est de fait un grand cynique misanthrope, il emmerde le système, il emmerde l’éthique, l'Ordre des Médecins et la morale, pour lui, du moment que le patient a de quoi payer, il ne fera pas la fine bouche. Mais d'un autre coté, Black Jack est aussi un personnage très humain, et souvent face aux injustices dont sont victimes ses patients voire ses employeurs, il mettra tout en œuvre pour rééquilibrer les forces, quitte à faire ramper sur le sol les ordures. De même, si la situation l'exige, il est prêt à travailler gratuitement.


Abordons pour commencer cette critique le scenario, ou plutot les scénarios, car Black Jack est un précurseur dans le genre manga du "1 contrat = 1 arc narratif", repris plus tard dans beaucoup d'oeuvres telles Golgo 13, La Fille des Enfers, etc... Içi le concept va même un peu plus loin car c'est 1 arc narratif = 1 chapitre de 20/25 pages !
On pourrait se dire qu'avec un tel systeme de narration et 17 tomes au compteur, le manga doit être mega chiant et repetitif, mais ce serait faire une insulte à Tezuka-sensei. Aucune, et je dit bien Aucune histoire de BJ ne se ressemble, chaque situation est unique, chaques personnages sont differents (bien que certains chara-designs classiques de Tezuka se repetent), et chaque histoire vehicule son lot de messages et aborde un grand nombre de themes.


En effet, dans BJ, le theme central est la valeur de la vie et les travers de la medecine, et quand on part de tels themes, on peut causer de beaucoup de sujets, comme : la peine de mort, la guerre, les epidemies, la pauvreté, le capitalisme, les derives de la technologies, l'amour, l'amitié, le sens du sacrifice, la revolution, l'ecologie, le respect de la nature, l'amour des animaux, la religion, l'euthanasie, la haine de l'autre, la souffrance, la peur de mourir, la mort,... Et vous voulez savoir une chose ? TOUS les sujets dont je viens de parler sont abordés dans les differentes histoires de Black Jack, leur seul lien direct entre elles étant Black jack, qui intervient toujours pour sauver la situation en veritable Deus Ex Machina, voire même n'etant qu'un personnage secondaire, puisque les histoires mettent surtout l'accent sur les patients et leur entourage, logique, vu que c'est generallement par eux que passe les themes abordés dans les histoires.


L'aspect medical est assez fantasque dans ce manga, par moments, il reste assez sobre genre un mec qui se prend une balle ou se retrouve brulé sur 90% du corps, mais la plupart du temps, les operations pratiquées par Black Jack sont over-abusées, du genre faire une transplantation de cerveau, "creer" un être humain avec des organes eparpillés,... C'est n'importe quoi, certes, mais c'est très bien documenté. Pour info, Osamu Tezuka, avant de devenir une legende du manga, etait medecin de formation, de fait, le manga fait souvent appel à des maladies, des infections et des malformations qui peuvent paraitre completements folles mais qui en fait existent réellement ! Wikipedia te le dira sans doute mieux que moi.


Niveau dessin c'est du lourd ! Bon, ok, c'est vrai, les années 70, c'est loin et vieux, et ce style de dessin emprunte beaucoup à Disney et Carl Barks (le genial créateur de Donald Duck et Picsou), mais on s'en fout, c'est beau, c'est même très beau, Black Jack est hyper classe, le decoupage est parfait et les histoires racontées sont mega fluides et parfaitement mises en scene. Si Black Jack est un virtuose du scalpel, Tezuka, lui est un genie du crayon !


Bon, pour les petits defauts, je dirais que certaines histoires, du fait du nombre de pages limitées, ont tendance à se conclure un peu trop rapidement; que vers la fin du manga, les scenarios, même s'ils restent habilement maitrisés, manquent un peu d'originalité.


Mais tout cela, oàn s'en fout !!! Black Jack est un chef-d'oeuvre, un vrai, un dur !!! Un qui te retourne les tripes quand tu le lis et qui te fait tomber à genoux d'admiration quand tu l'as fini !!!
C'est un indispensable. Tu as l'obligation, que dis-je, le devoir de lire ce manga le plus vite possible !!!

Créée

le 28 mars 2015

Critique lue 1.3K fois

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Arkeniax

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