L'avis de 666Raziel sur la série (éditions Asuka : 26 tomes)
"[Ken c'est] Jésus avec des couilles".
C'est pas moi qui le dit, c'est Chronic'Art dans leur avis sur la trilogie animée sortie à l'occasion des 25 ans d'existence du manga.
En soi, cette citation résume très bien tout ce qu'il y a à dire sur Hokuto no Ken.
Issu de la grande vague de shonen des années 80, Ken s'est toujours démarqué de ses "concurrents". Qu'il s'agisse de la violence d'une part, ou des personnalités particulières propres à chaque protagonistes de l’œuvre.
Du coup, on va commencer par enfoncer les portes ouvertes. Oui Hokuto no Ken, comme beaucoup de shonen de sa génération est un manga "concon" basé essentiellement (exclusivement) sur des combats. Le schéma narratif se résume à ceci :
- un(e) enfant / vieillard / jolie fille
se fait terroriser par un ignoble : - pervers sadique / géant avide de massacre / fou sanguinaire.
La tension monte, la mort se rapproche MAIS au dernier instant surgit Kenshiro qui décharge sa furie vengeresse sur le méchant sus-cité.
C'est culcul, répétitif, macho diront certains aigris de voir la femme cantonnée aux rôles de personnage à secourir. Tout baigne et se complaît dans le stéréotype.
Aussi, si vous n'êtes pas "préparé" je ne vous conseille pas de lire ce manga. Hokuto no Ken demande quelques prédispositions aux loisirs faciles et/ou une volonté d'être bon public dans le seul but de ne pas avoir l'impression de perdre son temps à chaque page que l'on fait tourner. Un peu comme pour ceux qui aiment regarder des navets à la télé en toute connaissance de cause.
Une fois que vous aurez pris soin de bien re-régler vos paramètres critiques, vous allez vite vous rendre compte que cette série n'est pas culte aujourd'hui sans raisons.
Hokuto no Ken est un manga sur la violence sans concession. Mais ce que l'on découvre assez rapidement, c'est que toute cette violence n'est là que pour servir de vecteur aux émotions.
Dans Hokuto no Ken, les personnages pleurent presque aussi souvent qu'ils saignent.
(/!\ Si à cet instant vous vous dites que ça n'est ni plus ni moins que du pathos facile, c'est que vous n'êtes pas encore dans le bon état d'esprit. :p)
Et donc ce qui fait la grande force de ce manga c'est qu'au travers de ses émotions (elles aussi sans concessions) chaque personnages devient une icône en soi. Globalement la cote de popularité des protagonistes est beaucoup mieux équilibrée ici que dans d'autres séries.
Par conséquent c'est chaque instant qui est ainsi mis en valeur car, qu'il s'agisse d'une scène avec le héros, ses alliés ou ses adversaires il n'y a aucun moment où le lecteur se trouve déconnecté des agissements du personnage.
Hokuto no Ken est un manga qui se lit et qui se vit à fond. D'autant que (pour la plupart) "l'intrigue" avance elle aussi très vite. Les combats sont plutôt expéditifs et très peu alourdis de blabla inutile. De même qu'il n'y a pas ce schéma classique qui consiste à faire intervenir des adversaires par ordre croissant de force pour obliger le héros à s'améliorer. Dans les 3/4 des cas, Kenshiro est sur de gagner son affrontement dès le début de celui ci.
Après, là où ça pêche c'est sur les différents arcs narratifs qui sont de qualité très inégale.
Globalement, la série se déroule ainsi
- tomes 1 à 15 : l'ère Raoh : partie culte de l’œuvre. La plus connue et la plus reconnue. La seule qui a été reprise dans les derniers films réalisés tant elle est la meilleure. Pour beaucoup, d'ailleurs, Ken c'est juste cette période. Et impossible de se prétendre connaisseur de manga sans l'avoir lu au moins une fois.
- tomes 15 à 23 : le pays des Asuras. A mon sens c'est le plus mauvais passage de toute la série. Les auteurs tombent dans tous les travers qu'ils avaient évités jusqu'alors. On a droit à une succession d'émergences d'écoles toujours plus anciennes et puissantes. Les combats sont longs et interminables. Et il n'y a, au final, aucune véritable nouveauté par rapport au premier arc. Je pense qu'auprès du public amateur du genre, cette partie a beaucoup nui à la série. Encore tout chaud et excité par les précédents tomes, le lecteur va de déception en incohérence. La chute est très douloureuse.
- tomes 23 à 26 : l'apprentissage de Ryu. Tout meurtris qu'ils sont par ce qu'ils viennent de traverser, les fans les plus persévérants voient cette partie de plutôt bonne augure. Le schéma du manga reste le même mais il se penche sur un aspect encore inédit : le devenir des jeunes générations. C'est plaisant sans pour autant réussir à faire oublier les dégâts de l'arc précédent.
- tome 26 : une aventure épilogue. La première fois que j'ai lu ce tome, je ne l'ai pas du tout aimé. Cette histoire je la trouvais sans raison. Après avoir suivi les mêmes personnages sur 26 tomes, j'aurais aimé qu'ils aient droit à une conclusion moins douloureuse. Après une deuxième lecture j'en suis arrivé à la conclusion que cet épisode est une sorte de condensé de tout ce qu'a été la série. Une sorte d'épisode "pudding" qui reprend tous les ingrédients et les sert ensemble. C'est peut être pas une fin à la hauteur du reste du manga mais c'est une fin qui se tient malgré tout.
En définitive, avec 15 tomes cultes, 8 tomes à oublier et 3 tomes bien mais sans plus on s'approche plus d'une note du genre 5/10.
Mais Hokuto no Ken est un manga plus de passion que de raison ; d'où ma sur-notation.
Si vous savez apprécier les choses simples, ne passez vraiment pas à côté des 15 premiers volumes.
Car après tout ... vous aimez déjà, mais vous ne le savez pas encore !
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