La critique du Detective : Killing Joke

Oeuvre :
Killing Joke parut aux États Unis en mars 1988 et fut édité par DC Comics, et arriva un an plus tard en France. L'oeuvre naquit de la collaboration de deux personnes bien connues des fans de bande dessinée, le scénariste Alan Moore (Watchmen, V pour Vendetta, j'en passe) et le dessinateur Brian Bolland (Judge Dredd).
Le graphic novel Killing Joke est considéré par beaucoup (dont moi) comme un des meilleurs comics du XXsiècle.
Il a été un tournant, une révélation pour de nombreux lecteurs, dont un certain Tim Burton (Batman, Batman : Le Défi) ou même Heith Ledger qui fait une interprétation magistrale du Joker dans The Dark Knight : Le Chevalier noir (Oscar du meilleur second rôle à titre posthume en 2009).
Un récit d'importance pour le dessinateur Brian Bolland puisqu'après celui-ci il ne travaillera plus qu'en solo, principalement sur des couvertures : «Lorsqu'on a connu le meilleur (Alan Moore), toute alternative est un pas en arrière».
Le one-shot Killing Joke que j'ai en ma possession est la réédition d'Urban Comics qui vient tout juste de sortir. La différence avec les éditions précédentes, c'est que celle d'Urban Comics est basée sur la nouvelle version apportée par Bolland en 2008, qui a changé totalement les couleurs et a apporté de nombreux bonus à l'ouvrage, dont un titre « Un parfait innocent » qu'il a lui même composé.

Killing Joke débute sur une simple flaque, semblant dérisoire, en réalité, elle est la clé de l'histoire. Batman pénètre une fois de plus dans Arkham, un asile ou tous les plus grands criminels de Gotham City résident.
Il se fraye un chemin dans les couloirs sinistres, parmi les criminels qu'il a lui même enfermé.
Cette traversé dure l'équivalent d'une double page, elle transforme Arkham en une prison dont on ne peut s'échapper. Cependant, lorsque Batman entre dans la cellule de son pire ennemi, il lui propose d'enterrer la hache de guerre. Après une petite discussion, le justicier (et le lecteur) découvre que ce n'est en fait qu'un imposteur et que le Joker est à nouveau en liberté.
La Némésis prépare un sale coup avec l'acquisition d'une fête foraine et d'une équipe de malfaiteurs tout droit sortis du film Freaks de Tod Browning. Le plan mis en action est d'une rare violence. Le Joker s'introduit chez l'inspecteur Gordon, tire sur sa fille, Barbara et enlève le policier.
En parallèle, on suit ce qui va être la naissance du clown roi du crime, au travers de flashbacks en noir et blanc.

Que réserve le Joker à l'inspecteur Gordon ? Batman le sauvera-t-il ? Une trêve entre les deux ennemis se réalisera-t-elle?
Vous trouverez les réponses à ces questions en lisant 72 pages d'une œuvre mythique, composée d'une préface par Tim Sale (Batman : Un long Halloween) faisant l'éloge du travail fourni par Moore et Bolland, une postface par Bolland cinglant l'article de Tim Sale. Mais aussi différents croquis et couvertures ayant servi à la conception de l'oeuvre.


Avis :
C'est un défi exaltant que je réalise en faisant la critique de Killing Joke, de nombreuses personnes sont déjà passées par là et moi malgré tout, je viens apporter mon grain de sable. Cependant, il était nécessaire que je fasse un article sur Killing Joke, une des œuvres que je chéris le plus. Si pour son créateur lui même, j'entends par là Moore, « ce n'est pas un bon livre » et bien oui, j'ose contredire le scénariste légendaire.
Ce one-shot, bien que très court, est intense. Les différents éléments qui viennent briser la narration comme l'évasion du Joker d'Arkham, son arrivé fracassante chez les Gordon etc. ont été placés avec une grande finesse et une coordination remarquable, on ne s'ennuie jamais.
Le scénario est complexe, je dois admettre qu'après plusieurs lectures, je découvre toujours quelque chose et je suis toujours aussi fasciné par le fait qu'on se fait avoir du début à la fin. «C'est deux mecs dans un asile de fous... ».
Ce qui est tout autant fascinant est la relation entre les deux protagonistes, pour la première fois une relation presque intime semble lier Batman et le Joker, le premier étant venu pour arrêter leur éternel conflit. La réponse du Joker est explicite, violente et machiavélique, Killing Joke est une ode au Némésis de Batman.
Accessoirisé d'un dessin qui retransmet l’atmosphère malsaine qui suinte d'un univers sombre. Brian Bolland, le génie exprime les différentes expressions faciales avec minutie et réalisme. De plus, il arrive à lier les différents personnages et histoires en image avec des connections subtilement placées. Son travail sur la couleur est appréciable puisqu’il remplace les couleurs de John Higgins de 1988, un peu trop vives et criardes pour une colorisation plus obscure et plus froide, tout en gardant certains détails clés.
Les dialogues, ah... les dialogues. C'est rare de pouvoir lire des dialogues aussi recherchés dans le monde du comic, Alan Moore, dans tout son art, nous délivre un monologue que j'apprécie particulièrement : le Joker a les pleins pouvoirs et s'en délecte par une diatribe faisant l'éloge de la folie, que vous pourrez retrouver à la page 26. Une œuvre rythmée par de courts ou de longs dialogues justement dosés.
Ayant lu auparavant la version anglaise de Killing Joke, je peux affirmer que le traducteur a fait du bon travail et en voyant le support de base, on peut même dire qu'il est plutôt bon. Evitant les différents pièges de transposition, se réappropriant des métaphores, le traducteur qui reste inconnu aurait mérité son nom même dans un coin, au bas d'une page du livre.
Ce qui pourrait être dommageable, c'est la transparence de Batman que l'on voit très peu même si sa présence se fait tout de suite sentir.
Pour conclure, je vous dirais que si vous êtes fan de comics, votre prochain achat devrait être celui-ci. Killing Joke reste depuis plus de 25 ans en constante réédition, ce qui prouve bien son succès auprès des lecteurs les plus avisés. Killing Joke vous fera « mourir de rire ».
Detective_Pulp
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le 18 mars 2014

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