La famille Sanson a bien changé depuis le premier tome. Charles-Henri et Marie-Josèphe habitent désormais seuls la demeure familiale : la grand-mère tout comme leur père vivent ailleurs. Le temps passe : il en affaiblit certains ; il en renforce d'autres.
Dans ce cinquième volume, Shin'ichi Sakamoto ne déroge pas à ses habitudes : l'histoire des Sanson est entrecoupée d'évocations concernant ce qui se passe à l'époque (les guerres) ainsi que l'évocation de quelques personnages majeurs, appelés à reparaître un jour prochain (Marie-Antoinette, Mozart) ; les figures et symboles sont toujours de la partie (ils m'ont semblé plus faciles d'accès que dans les précédents tomes - à moins que je ne me sois habitué), tout comme les "comparaisons simultanées" entre personnages (Marie-Josèphe et Marie-Antoinette).
Côté intrigue, le tome se divise en deux : l'exécution du Maréchal Griffin par Marie-Josèphe et ses conséquences ; les retrouvailles entre les Sanson et Marie-Jeanne Bécu (qui s'intéresse pas mal à Charles-Henri...). La soeur de Charles-Henri, Marie-Josèphe monte en puissance : elle doit exécuter Griffin mais ne va en faire qu'à sa tête car elle a un compte à régler avec lui (et on ne peut que la comprendre...) ; ce sera alors au père, le "vieux" Sanson de saisir son épée et, en dépit de son état (paralysie...), de donner le coup de grâce à son vieil ami Griffin - auquel il avait promis une mort rapide si d'aventure sa tête devait tomber. A nouveau on retrouve un thème qui traverse les tomes de Innocent : une exécution doit être menée rapidement et proprement. Les personnes qui assistent à l'exécution ne sont pas là pour assister à un massacre durant des heures. Il faut en finir vite et bien (ce qui, par parenthèses, suggère déjà que des moyens plus rapides comme la guillotine... seraient les bienvenus). Ce "scandale" déclenchée par Marie-Josèphe lui vaudra quelques ennuis un soir, qui lui feront recroiser la route de MJ' Bécu - future Me du Bary - qui se rendra chez les Sanson pour passer une nuit "sportive" avec Charles-Henri. La chair est donc toujours là et en même temps que Charles-Henri comprend un peu mieux la condition de bourreau, ce que son père a vécu, l'acte sexuel qu'il accomplit avec Marie-Jeanne Bécu semble le transformer (même physiquement) : les deux vont entrer dans une autre dimension... pendant que Marie-Josèphe prononce son habituel "Tss". Peu à peu c'est elle qui apparaît au centre de la série, qui occupe la place et cristallise l'attention et ce n'est pas seulement à cause de son "look". Comment vont se répartir les rôles entre le frère et la soeur Sanson par la suite ? Quelles têtes se présenteront à eux ? C'est tout l'intérêt de la série aussi... vivement le tome 6 !