Comme lors de chaque relaunch, reboot ou autre changement de direction éditoriale, nous avons le droit à de bonnes et de mauvaises choses. Et généralement, nous avons également le droit à une petite pépite, à la série qui sort du lot, qui nous capte narrativement et nous met une grosse claque artistiquement. C’est le cas de Thor : God of Thunder !
Thor a toujours veillé sur la Terre comme sur Asgard, accomplissant souvent seul cette mission. Mais lorsque Malekith le Maudit fait son grand retour et que les Neuf Royaumes sont en danger, le fils d’Odin a besoin de toute l’aide possible.
Jason Aaron (Star Wars, Original Sin) poursuit sa grande épopée asgardienne, accompagné de Ron Garney (Wolverine : Weapon X) au dessin.
(Contient les épisodes Thor : God of Thunder #12 à 18)
A l’instar de Wonder Woman chez DC Comics, Jason Aaron a eu la brillante réflexion de se dire que Thor est un dieu, par conséquent ce dernier se doit de vivre des aventures mythiques, pour ne pas dire mythologique. Pour suivre Thor au sein des Avengers ou sur Midgard, (la Terre) il suffit de lire les titres Avengers. Avec Thor : God of Thunder, Jason Aaron a encré ses histoires dans le fantastique, le merveilleux, l’imaginaire que peut susciter Asgard et les Neuf Royaumes !
Après un premier arc, excellent et en deux parties, mêlant la mythologie au cosmique, et un adversaire effroyable, Jason Aaron ramène Thor chez lui, pour une saga en terre des Neuf Royaumes rappelant les codes de l’heroic-fantasy.
Pour cause, nous assistons dès le début à la libération, l’évasion de Malekith (toujours judicieux de surfer sur le succès des films !). L’elfe noir a soif de sang, et plutôt que de s’en prendre au responsable de sa détention, il se met en tête de chasser les siens, les elfes noirs afin de les exterminer dans un véritable bain de sang ! Le fou traque ses congénères d’Alfheim à Vanaheim, de Nidavellir à Svartalfheim, son propre royaume ! Les corps s’entassent, c’est une véritable boucherie !
Autre temps, autre mœurs, la Mère de Tout agit bien différemment qu’Odin, et avec maintenant l’existence d’Asgardia et du Congrès des Mondes, Thor se retrouve à la tête de la Communauté de l’Anneau… pardon de la Ligue des Royaumes. Elfes, nain, dieu, géant et troll, on trouve de tout ! Mais à l’image de ce que nous avons pu lire dans le Seigneur des Anneaux, la cohésion de groupe n’est pas effective d’entrée, les ambitions et aspirations de chacun n’allant pas forcément toutes dans le même sens. Ce sont donc des échecs cuisants que traversent Thor et ses nouveaux compagnons d’arme. Mais n’y a-t-il pas une autre raison à tous ces revers ?
Si cet arc est un peu long à démarrer, enfin c’est surtout la Ligue des Royaumes qui tarde à se lancer à la poursuite de Malekith, une fois lancée, Jason Aaron nous impose un rythme très soutenu. L’histoire défile devant nos yeux et nous assistons à un véritable combat de haine entre Thor et Malekith, avec son lot de coups bas et de rebondissements. L’histoire est somme toute assez classique dans sa construction et son approche, malgré d’excellents et nombreux clins d’œil à l’heroïc-fantasy (pour ne pas dire l’œuvre de Tolkien). La rage de Thor est palpable et ne cesse de monter crescendo, la folie meurtrière de Malekith l’est tout autant. Jason Aaron effectue un excellent travail sur ces deux personnages.
Graphiquement, si Ron Garney n’atteint pas le génie d’Esad Ribic, il arrive à sa façon, à donner à cette histoire un aspect mythologique, épique, comme si nous lisions un vieux parchemin nous contant une ancienne légende du dieu du Tonnerre. C’est vraiment très beau, magnifiquement coloré, avec des personnages, surtout les elfes noirs, vraiment superbes.
Notons, qu’en début de tome, nous avons une histoire touchante de Thor qui apparaît sous l’image d’un dieu très miséricordieux et empathique, presque fragile. Tandis qu’il se termine avec une plongée dans le passé de Thor et d’un bien triste combat contre un dragon.
Bref, nous n’atteignons peut-être pas la quasi perfection, comme avec la première saga (en deux parties) que nous avait proposé Jason Aaron. Mais nous avons quand même le droit à une formidable quête, une bien chouette histoire qui confirme à quel point Jason Aaron a eu raison de ramener Thor à ses fondamentaux, la mythologie nordique et la fantasy !