Comme une pendule montée à l'envers...
Treizième aventure pour Yoko Tsuno, et Roger Leloup a trouvé la structure qui lui plaît pour ses intrigues : plonger ses personnages dans un monde étrange, leur faire vivre des péripéties à marche forcée, sans aucune explication ... puis seulement, dans les dernières pages, donner du sens à tout ce qui s’est produit.
Les Archanges de Vinéa n’échappent pas à la règle. Yoko rencontre une vieille folle qui garde un enfant en léthargie, Khâny disparaît, une tour émerge de la mer, des rebelles attaquent un archange, et un convoi de tortues apprivoisées entraîne Yoko vers une cité sous-marine, oubliée au plus profond des océans vinéens ... Une intrigue qui peut sembler confuse, mais où le danger affleure à chaque page : les styrs, les robots, l’étrange Tryak, et surtout cette Reine intrigante.
Côté dessins, Roger Leloup confirme ce qu’on savait déjà : il est bourré de talent. Graphiquement, c’est donc irréprochable : décors majestueux, technologie impressionnante, et panoramas sublimes. Cette fois-ci l’aventure est presque intégralement sous-marine : les teintes sombres, les algues, l’érosion du métal plongé deux mille ans sous la mer, voilà un univers grisant et fascinant. La cité de l’abîme est particulièrement réussie, le reste est graphiquement parfait. Comme souvent avec Roger Leloup.
Cet album complexe peut déplaire : le très fort symbolisme qui marque l’intrigue, l’obligation d’attendre le monologue final de l’archange pour comprendre l’histoire de la cité sous-marine et de sa reine, le dénouement de l’intrigue assez inattendu, voilà autant d’éléments qui peuvent rebuter le lecteur. Sans compter les nombreuses zones d’ombre que Roger Leloup laisse planer sur cette cité oubliée : mais la reine Hégora réapparaîtra quelques années plus tard, dans une autre intrigue.
Une aventure vinéenne dans la digne lignée des précédents Yoko Tsuno, et plutôt meilleure que la moyenne.