Entre février 1982 et mars 1994 paraît dans le magazine Animage les chapitres de Nausicaä de la vallée du vent, par Hayao Miyazaki. Pensées décousues pour un manga qui nous envoie en l’air et ailleurs.
Peut-être parce que lire prend + de temps que visionner (?), qu’on n’utilise pas ses yeux (et sa tête ?) de la même manière, en accompagnant Nausicaä et les autres j’ai eu le sentiment d’un récit plus sombre que dans le film. Ce n’est pas un conte sanglant pour adultes (les vrai•e•s savent…) mais il y a matière à réfléchir tant les oppositions sont + complexes que gentils vs méchants, bien vs mal…
J’ai beaucoup apprécié le fait que Nausicaä soit une héroïne en construction. Elle fait des erreurs, apprend, entraîne dans son sillage. Oui, elle est badass mais Miyazaki n’en fait jamais trop. De la même manière, il n’hésite pas à montrer les affres des conflits, le fait qu’un maître comme Yupa n’hésite pas à sacrifier un ennemi pour s’en sortir… Tout le monde a du sang sur les mains.
Autre intérêt, + visuel : la richesse de ce monde. Entre la mer de la décomposition, des Dieux guerriers, des vestiges d’anciennes civilisations, des appareils volants… il y en a pour tous les goûts. Certains passages m’ont fait me demander si Miyazaki ne partageait pas des inspirations communes avec From Software ou si des membres de ce dernier n’avait pas vu ou lu Nausicaä. Il y a une espèce de mélancolie qui parcourt les pages, de révélations tristes sur le passé et le présent qui poussent à avancer, persister malgré tout. La force des grandes œuvres sans doute.
Enfin, la clarté des cases est un modèle du genre. La gestion du tempo est du même acabit. Et s’il fallait un regret, ce serait que les tomes ne comportent pas de chapitres: quand vous attaquez un volume vous courez le risque de ne vous arrêter qu’à la fin ce qui n’est pas bon pour les heures de sommeil…
En somme Nausicaä de la vallée du vent n’est pas un récit qui infantilise mais qui fait grandir, quel que soit l’âge auquel on le lit.