Le diable selon Christian De Metter est assis à votre table!

Critique, générique et extraits sur: https://branchesculture.com/2016/11/13/no-body-saison-1-acte-1-le-diable-selon-christian-de-metter-est-assis-a-votre-table/


C'est un étrange objet qui nous est arrivé. Une couverture qui frappe dans l'oeil et un concept qui se veut inédit. Ainsi, avec No Body dans la Collection Noctambule, Christian De Metter entend bien continuer sur la lancée des bandes dessinées qui se conçoivent comme des séries, plusieurs saisons à l'appui, mais y rajoutent une subtilité: lancer une vraie série d'anthologie. Un concept qui a fait sa voie à la télévision mais jamais vu en BD. Autopsie du premier tome.


Résumé de l'éditeur: « Je ne suis pas fou, je suis cent pour cent coupable. » 2007, États-Unis. Dans le Montana, un homme – 57 ans, solide, cheveux longs, barbe touffue, tatouages sur tout le corps– est arrêté sur le lieu d’un crime qu’il semble avoir commis. Un an plus tard, une jeune psychologue est diligentée par le tribunal pour réaliser une expertise psychologique de cet homme. Elle est jeune mais déterminée. Au fil de leurs échanges, il s’accuse du meurtre de son ancien coéquipier, selon lui, l’assassin de sa femme, et révèle qu’il l’a découpé en morceaux. Cependant, certains éléments ne collent pas… Une relation de confiance s’installe peu à peu entre eux, et l’homme commence à raconter sa vie depuis le jour où elle a basculé. Une révélation de la psychologue l’obligera finalement à regarder la vérité en face…


Une forêt épaisse, une maison reculée et un démon à l'intérieur qui a semé le chaos, la terreur, le sang et la mort. Le démon est humain. Et à la table de cette chaumière qui retrouve son calme mais ne sera plus jamais pareille, il y a un diable apaisé, un ex-policier lucide sur le geste fou qu'il vient de poser. "Assassin", il est, "assassin" il se présente, comme si ce mot n'avait fait que rythmer ses cinquante années d'existence alors qu'il ne fut le fruit d'une vengeance face à un homme, un coéquipier qui avait tué sa femme.


Et si le meurtrier mise une pièce sur la peine capitale pour sceller son existence, c'est sans compter l'acharnement de Beatriz Brennan, une jeune psychologue dont les rapports bâclés ne font pas la religion. Non, elle veut comprendre, aller au-delà de l'"assassin" pour comprendre les éléments qui l'ont mené à tuer de manière aussi sanglante son équipier. Et tant pis s'il faut remonter le cours d'une vie sur près de soixante ans.


Nous plaçant comme des témoins privilégiés dans son histoire, au milieu de cette relation qui se noue et qui nous rappelle un peu celle qui avait court entre Clarisse Starling et Hannibal Lecter, Christian De Metter ne déroule rien de moins que la première séance d'échanges. Deux heures carcérales durant lesquelles la méfiance reste de mise tandis que la langue du barbu criminel (et son look rappelant celui d'un Lemmy Kilmister) se délie pour nous ramener aux fondements d'une vie de petite frappe rattrapée, au mauvais endroit au mauvais moment, puis soudoyée par ces messieurs trop tranquilles du FBI et leur programme "Cointelpro" (Counter Intelligence Program, un programme réel et déclassifié depuis). Un engrenage fatal pour le jeune malfrat forcé de jouer les espions téléguidés et manipulés dans un groupe de jeunes gens prêt à agir pour la cause noire et contre la guerre au Viêt Nam.


Avec ce premier volet d'une première quadrilogie (dont les titres déjà annoncés transpirent l'ésotérisme, "Rouler avec le diable", Ombres et silence", "La spirale de Dante"), Christian De Metter met en place son univers, froid, sanguinolent et pourtant si réaliste. On ne navigue pas si loin de Seven sauf que le meurtrier est là, en face de nous, bien harnaché. La quête et la traque sont donc ailleurs dans cette histoire où l'on est obligé de croire sur parole le meurtrier. Et si nous sommes happés dans les nimbes de ses souvenirs, que l'on s'y promène pendant une septantaine de pages, on ne s'y ennuie pas une minute.


De Metter est un as pour nous donner envie d'en savoir plus tout en nous faisant baigner dans le mystère le plus complet. Car si Soleil nous promet une série d'anthologie qui abordera l'"absence de corps et d'identité", on se doit de prendre notre mal en patience tant la trame de tout cela nous paraît encore bien opaque. Et comme le générique vient nous transporter, on imagine bien cette oeuvre prendre les devants et s'inviter dans d'autres médias comme des concerts-dessinés. Un peu comme Melvile de Romain Renard. Les deux oeuvres sont incomparables mais délivrent la même force singulière, un mysticisme aussi envoûtant qu'effrayant. Vivement la suite.

Créée

le 13 nov. 2016

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Pinkgirl10
8

« Je ne suis pas fou. Je suis cent pour cent coupable »

2007, état du Montana. Un flic de tuer son équipier. Arrivés sur place, les services constatent le meurtre.... et le fait que la victime a été découpée en morceaux. Le mobile: son ancien coéquipier...

le 14 févr. 2017

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