C’est totalement à l’aveugle que je men lance dans Letter 44. Si l’histoire, en quatrième de couverture est prometteuse, je n’ai eu que peu de retours sur ce comics. Et pourtant son achat m’a paru plus que naturel, de par la présence de Charles Soule, véritable révélation dans le petit monde des comics, je prends toujours plaisir à lire ce que ce scénariste me propose que ce soit chez Marvel ou chez DC Comics.
Dure journée pour Stephen Blades, le 44e président des États-Unis. Au premier jour de son investiture son prédécesseur, Francis T. Carroll, lui laisse un courrier qui va changer non seulement son propre destin, mais très probablement la face du monde. Depuis sept ans, la Nasa a détecté une construction extraterrestre sur la ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter. Mais la rencontre du troisième type n’a pas encore eu lieu. Dans l’expectative de devoir combattre une invasion d’outre-espace et de pouvoir défendre l’humanité, Carroll a envoyé les troupes américaines sur tous les fronts, inlassablement, ce qui l'a rendu pour le moins impopulaire. Les Etats-Unis sont en crise : la guerre, une économie au bord du gouffre, un système de santé entier à réformer…
Avait-il finalement raison de préparer la nation au désastre imminent ? Et quel sera le rôle de l’équipage du Clarke, le vaisseau d’observation envoyé vers l’« ennemi » voici trois ans déjà ?
Désormais, l’homme le plus puissant de la planète va avoir affaire à l’univers tout entier…
Un pur récit d’action et d’aventures construit à la manière d’une série télé de science-fiction à grand spectacle par Charles Soule, le nouveau scénariste star du comics, et le dessinateur Alberto J. Albuquerque !
(Contient les épisodes #1 à 6)
Je n’ose imaginer le poids qui s’abat sur les épaules des quelques hommes posant leurs fesses dans le siège de président de la Maison Blanche. L’homme le plus puissant du monde, comme on dit. On s’attend sûrement à découvrir des vérités, à avoir accès aux plus grands secrets de la planète, mais quand Stephen Blades s’apprête à jurer sur la bible devant le peuple américain il découvre une lettre, une simple lettre, laissée par son prédécesseur…
Il va alors avoir l’impression de devenir fou, que l’on se moque de lui. Dans l’espace, dans notre galaxie, dans la ceinture d’astéroïdes, une construction extraterrestre est en cours ! Pour prévenir une panique sans précédent, l’ancien président a gardé le secret, créant le projet Monolith ! Pour prévenir une guerre inédite avec des combattants d’un autre monde, il a formé des soldats en créant des guerres sur notre planète ! Pour en apprendre davantage sur cette construction, et surtout ses constructeurs, une mission a été envoyée dans l’espace, neuf volontaires, partant pour un aller simple à bord du Clarke !
Là, où Charles Soule fait très fort, c’est qu’il ne cantonne pas son récit à de la science-fiction pure et dure, loin de là. Et si la mission du Clarke est traitée de façon importante et révèle son lot de surprises, autant de par leurs découvertes, que de par ce qu’il se passe, de surprenant, dans ce vaisseau, avec Charlotte Hayden en premier lieu, ce n’est pas le seul axe de lecture et d’approche du récit.
Un peu à l’image du manga Moonlight Mile de Yasuo Ôtagaki, Charles Soule met l’aspect politique, et tous les travers qu’on lui connaît, qu’on lui prête en avant. Si Stephen Blades est l’homme le plus puissant du monde, c’est surtout celui le plus connu, car dans l’ombre, les grands financiers, les hommes avides de pouvoirs, les grands manipulateurs ne reculent devant aucun méthode pour arriver à leurs fins ! Alors quand le président décide de rendre tout cela public, et donc de mettre à mal les ambitions de certains, de stopper la poule aux œufs d’or d’autre, il met en marche une machine qu’il n’est peut-être pas prêt à découvrir.
Charles Soule réussit, très rapidement à donner beaucoup de rythme à son récit, oscillant parfaitement entre inconnu palpitant dans l’espace, et inconnus dangereux sur Terre. Que l’on soit au fin fond de l’univers ou dans le fauteuil du président, il y a toujours des secrets, des menaces, des surprises. Stephen Blades, le quarante-quatrième président des Etats-Unis se retrouve au cœur d’une histoire qu’il ne pensait pas vivre ailleurs que dans un livre ou dans un film ! Et les gens qui ont mis tout cela en place ne sont pas décidés à laisser ce nouveau venu mettre son nez n’importe où et gâcher un plan de longue haleine. Mais ils vont tomber sur un homme, bien que dépassé et écrasé par de tels événements, qui va tout faire pour renverser la vapeur, tirer profit de tout ce projet Monolith et surtout faire tout son possible pour ces neufs héros inconnus du grand public !
Au dessin, je ne connaissais pas du tout cet artiste espagnol, Alberto Albuquerque, mais plus son homologue brésilien Rafael Albuquerque que l’on peut voir sur American Vampire. C’est un style proche du cartoony avec une petite touche réaliste. Les personnages ne sont pas vraiment beaux, mais crédibles. Les détails sont là, les expressions aussi, tout comme les émotions ou l’originalité de tout ce qui touche aux extraterrestres. Les épisodes défilent et l’on finit par se faire à ces dessins, en apprécier les petits défauts, la simplicité.
Bref, avec Letter 44, pour moi, Glénat Comics tient son titre phare ! Une véritable surprise que cette fantastique aventure que nous propose Charles Soule. Entre odyssée fantastique dans l’espace et une intrigue politique pleine de manipulations et de guerres d’ego, c’est en un rien de temps que j’ai dévoré ce tome et que j’attends avec, une très grande, impatience le second volume.
Charles Soule réussi à mêler des genres aussi différents que la science-fiction et l’intrigue politique à travers une histoire palpitante, avec un rythme soutenu, des rebondissements, aucun temps morts, des personnages qui marquent vite. Une véritable réussite !