L'Amérique et la notion d'humanité dénoncées par un simple survivor !
Et encore un film « signé » par les producteurs de Paranormal Activity (avec Sinister remplaçant cette fois-ci Insidious, justifié par la présente d’Ethan Hawke au casting)… L’argument bidon pour attirer les spectateurs à regarder un film qui se veut effrayant sans l’être (malgré Insidious, véritablement efficace parmi les nombreux films modernes du lot). Pourtant, en regardant bien le parcours chez l’oncle Sam d’American Nightmare (The Purge en VO), le film est un véritable succès commercial (actuellement, plus de 63 millions de dollars de recette pour seulement 3 millions de budget !). Pour quelles raisons ? C’est ce que nous allons voir !
La réponse qui s’offre à nous dès la bande-annonce, c’est tout simplement le concept de base proposé par le film. À savoir cette fameuse Purge dont il est une question. Une nuit durant l’année où les citoyens peuvent se « laisser aller » et sortir dans la rue pour allez tabasser à mort ou flinguer des personnes qui, pour eux, l’ont mérité. Une soirée où, bien entendu, la police et les autres services d’urgence (ambulances, pompiers…) sont « indisponibles ». Du coup, cela à permis aux Etats-Unis (pays national de la Purge) de faire chuter le taux de criminalité à seulement 1% ainsi que le chômage, contre une augmentation du capital financier (j’y reviendrai plus tard). Une nuit mortelle que va vivre une famille pourtant adepte de cette purge, dont le fils va pourtant « gâcher » en sauvant la cible d’un groupe de fous dangereux.
Un concept qui veut proposer une image terrifiante et plutôt réaliste de l’Amérique (à l’excès, bien entendu !). Une société qui trouve bon nombre de métaphores dans American Nightmare. Un film qui nous révèle une Amérique violente (le concept hautement meurtrier de la Purge) et adepte des armes (quasiment toute autorisée, allant de la barre de fer à la mitraillette, en passant la machette, le revolver et le fusil à pompe) et du droit d’en posséder, qui fait beaucoup polémiques de nos jours (ah oui, j’ai oublié de dire que l’histoire se déroule en 2022). Une Amérique grandement paranoïaque, démontrée par les caméras de surveillance de la famille durant le film ainsi que par le désir de chacun des purificateurs (tuer son patron, les SDF, telle personne pour X raisons…). Mais également une Amérique qui se montre toujours rayonnante (le luxe de la famille à laquelle on s’intéresse, le quartier digne de Beverly Hills, le fait que le pays connaisse une croissance économique…) où il fait bon vivre (les voisins se saluant amicalement avec le sourire, un soleil éblouissant des gazons fraîchement tondus et de jolies fleurs) et où règne une ambiance familiale avant tout (la scène du dîner, le père faisant tout pour sauver ses proches, même le pire !). En passant par une Amérique qui, finalement, préfère mettre en avant ce côté lumineux afin de ne pas ses problèmes aux yeux des autres (les masques souriants qui cachent les visages des assaillants en est la métaphore) tels que le chômage et la pauvreté (ici, les victimes de la Purge sont principalement des SDF ou des pauvres, dont les morts successives permettent ainsi « l’amélioration » de l’image sociale et financière du pays), et en le vivant telle un divertissement (l’intro du film qui montre quelques scène de tueries sur une musique en total décalage, la Purge étant considérée comme une fête, la télé balançant des pubs et annonces sur cette dernière…). Le tout en passant par une Amérique raciste (la cible des tueurs est un homme Noir).
Mais aussi, le concept du film met en cause la notion d’humanité. Peut-on être considéré comme des êtres humains par le fait de bonnes actions (le fils qui sauve l’homme ciblé) ou bien par nos pulsions meurtrières que beaucoup d’œuvres et de philosophes mettent en avant (durant le film, quelques criminologues et sociologues élucideront la question via la télévision). Quoiqu’il en soit, pour la famille, la Purge de cette année 2022 va leur permettre de remettre en cause ce qu’ils sont (la mère devenant horrifiée par ce que fait son mari pour sauver sa famille, jusqu’à quel point il peut aller pour les mettre à l’abri des tueurs) mais également leurs relations vis-à-vis de leurs connaissances (le petit ami de leur fille, leurs voisins).
Un film travaillé et plutôt bien interprété (Ethan Hawke n’a plus rien à prouver ; Rhys Wakefield avec sa tête de sadique souriant montrant à quel point son personnage de riche étudiant qui doit être mal vu de ses camarades se délecte de cette soirée où il peut enfin lâcher sa colère par une violence morbide et cruelle) qui se trouve être un chouïa gâché par ce besoin de flirter avec le film d’horreur (« par les producteurs de Paranormal Activity et de Sinister » oblige). Du coup, nous avons droit à des séquences dans le noir, où les personnages avance tout doucement équipés d’une simple torche. Sans aucun fond sonore. Juste une poussée symphonique soudaine et bruyante quand quelque chose passe subitement ou bouge (une main qui agrippe quelqu’un, par exemple). Où les clichés de ce genre répondent présents, rendant les effets d’épouvante et de surprise prévisibles au possible.
Finalement, il faut prendre American Nightmare comme un survivor en huis clos, intéressant et entraînant, qui aurait tout de même mérité d’être un peu plus gore (le film ne dévoilant que quelques rares gerbes de sang, et cachant des scènes meurtrières de la Purge qui auraient fait ressortir le côté horrifique de cette société et de cette soi-disant humanité). Un concept original et bien pensé servant de base à un honnête divertissement, qui montre le visage d’une société que l’on aimerait éviter de voir un jour. Message aux producteurs : pas besoin de suites, American Nightmare est très bien comme ça !