A l’époque de la sortie de ce deuxième volet cinématographique des aventures des célèbres gaulois, c’est à un véritable rapt qu’on assiste. Deux écoles s’affrontent sans le dire, celle d’un classicisme de papa en la personne de Claude Zidi et de la paresseuse version qu’il a donnée quelques années auparavant, et la nouvelle garde déjà plus si jeune que ça, mais solidement implantée dans le PAF et qui a su y dessiner une nouvelle forme d’humour : le Chabat des Nuls, le Jamel et son cinéma, les Robins des Bois, l’esprit Canal, en somme.
Ce mélange a priori assez étrange est ce qui fait la réussite de ce film qui reste aujourd’hui, et de loin, le meilleur de la franchise, au point qu’on se demande si elle n’est pas attribuable au fait qu’on mette à ce point au second plan les gaulois éponymes. Il n’y en a presque que pour Jamel et les seconds rôles (Baer, Bellucci, Chabat lui-même, Darmon, Dieudonné…) et l’on se sent bien plus en phase avec les libertés lexicales de l’architecte amateur que l’humour plus pataud des protagonistes officiels, qui ne sont pas écorchés dans leurs patronymes, tout le film durant, sans raison.
Chabat, c’est ce goût pour l’absurde qui fait souvent mouche, qu’on songe aux interventions géniales de Chantal Lauby ou Edouard Baer, un amour inconsidéré de la référence qui conduit le film dans toutes les directions, de la Joconde à Titanic, du western au péplum, du kung-fu au funk, d’Itinéris a Tex Avery, avec cette jubilation décomplexée qui fonctionne presque à chaque fois.
Car c’est là la limite qu’on retrouvera aussi à l’œuvre dans RRRrrr : cette incapacité à faire le tri dans la vanne, à vouloir tout dire face à un stock inépuisable. En découle un rythme assez étrange, alternant entre les sketches/caméos réussis, les séquences « blockbuster à la française » et de vrais coups de mous, comme, parmi d’autres, la séquence de la destruction du nez du Sphinx.
Mal nécessaire, sans doute, pour se fondre dans un moule assez rigide et en réalité inadaptable du génie de Goscinny, y insuffler une identité propre qui fait de cet opus une comédie générationnelle à l’image de la Cité de la peur : très ancrée dans son époque et qu’on revoit avec un plaisir même pas coupable.