En Australie, le jeune Cody est capturé par le braconnier MacLeach, qui cherche à trouver la cachette d’un aigle royal que protège le garçon, pour abattre l’animal. Un message de détresse est envoyé à travers le monde pour libérer l’enfant, et tombe entre les mains des deux plus vaillantes souris du monde : Bernard et Bianca…
Premier Classique d’animation Disney à être une suite, Bernard et Bianca au pays des kangourous échappe au carnage qui contaminera la plupart des suites Disney produites par la filiale DisneyToon. Ici, pas de filiale, et c’est bien au cœur des authentiques Walt Disney Feature Animation qu’est produit le film de Mike Gabriel et Hendel Butoy, destiné à une sortie cinéma. La présence au générique des noms habituels (Glen Keane, Brenda Chapman, Roger Allers, Gary Trousdale, etc.) rassure et dès les premières images du film, le spectateur constate qu’il ne s’est pas trompé : cette suite témoigne de la même rigueur que son aîné.
Visuellement plus ambitieux, Bernard et Bianca au pays des kangourous repousse encore les limites de la technologie, comme à la grande époque de Walt Disney, constituant le premier film des studios à utiliser le CAPS (Computer Animation Production System), logiciel conjointement créé par Disney et Pixar permettant d’encrer et de coloriser numériquement les images d’un film d’animation, offrant une bien plus grande liberté créative aux animateurs.
Dès lors, si on ne s’étonne plus de la beauté visuelle du film, on ne peut que s’en émerveiller, ce dernier parvenant cette fois-ci (et à l’inverse de ses prédécesseurs Oliver et compagnie ou La Petite Sirène) à se rapprocher du charme et de l’authenticité des anciens Classiques. Rejoignant les Disney de la grande époque, tout ici attire l’œil vers la nature, et restitue à merveille sa beauté à l’écran, au travers de graphismes et de décors époustouflants.
Au rythme de la musique grandiose de Bruce Broughton, c’est avec des étoiles dans les yeux que l’on effectue ce voyage en Australie, dont le sommet est bien évidemment ce vol à dos d’aigle royal, si sensoriel que l’on a l’impression d’avoir enfin accompli son rêve d’enfant lorsqu’on sort de cette séquence enchanteresse.
Si l’aspect visuel du film est irréprochable, son scénario comporte tout de même quelques failles, à commencer par quelques scènes franchement inutiles au milieu du film (les soins de Wilbur, amusants mais mal intégrés au récit, l’évasion de Frank). Il ne s’interdit pas non plus quelques facilités plus voyantes que dans d'autres films Disney (magie de l’animation, une souris peut retenir un humain au-dessus du vide), mais heureusement, n’oublie pas pour autant de valoriser ses personnages.
Quoique cela se fasse au prix du retrait de Bianca, sous-exploitée, c’est le personnage de Bernard qui est la grande réussite du film (et comme il est doublé par Roger Carel, c’est doublement délicieux), ce dernier gagnant en épaisseur tant par sa timidité et sa jalousie vis-à-vis de l’aventurier Jack que par son implication totale au sein de l’action, puisque plus que dans le premier volet, les souris ont un rôle capital à jouer, interagissant davantage avec les humains.
Si ses quelques lenteurs et facilités scénaristiques empêchent ce Bernard et Bianca au pays des kangourous d’être un chef-d’œuvre, ce dernier n’en constitue pas moins une magnifique pépite, à l’ampleur visuelle qui le hisse sans nul doute au rang des films d’animation Disney les plus ambitieux et les plus beaux. En tous cas, on ne se lasse pas de le regarder avec les yeux grands ouverts de l’enfant que l’on était il n’y a encore pas si longtemps…