Plongée dans un temps hors du temps curieusement transposé dans le Sud de la France, cette relecture de l’œuvre de Pierre Louÿs ne manque ni de charme ni de suavité. Les corps décrits par le poète jaillissent ici dans leur splendide pureté où l’innocence cède peu à peu à mesure que s’installe le désir et que se répercutent les accès charnels de l’homme. Reprenant au recueil des Chansons de Bilitis ses motifs les plus picturaux tels « L’arbre » ou « La comparaison », David Hamilton consacre le saphisme et, au-delà, la complexité des relations par sa magnifique photographie. Pourtant, le film semble accumuler ses scènes sans les relier entre elles comme un catalogue artistique ferait se suivre les photographies – certes superbes – en guise de pure dramaturgie. On aurait aimé cette œuvre plus cinématographique ; l’exercice de style autosuffisant n’est pas loin et affaiblit l’impact que l’œuvre louÿsienne, à sa lecture, produit. En outre, si la première moitié de Bilitis passionne, le reste souffre d’un manque de rythme et d’enjeux qui risque de désintéresser le spectateur. À voir pour la composition de ses images et la qualité de sa musique originale signée Francis Lai.