Ben mince, j'me suis fait cueillir, ça démoule ce truc. Je l'ai lancé un peu en mode sur un malentendu je ne vais pas m'ennuyer, et bien mes aïeux, c'était clairement sous-estimer la bestiole : Bloody Hell est un représentant de choix d'un cinoche bissard complètement décomplexé. Par son humour agréable pas trop envahissant, sa violence finement dosée, sa petite touche de charme nordique qui sait rester sage et son écriture radicale qui va à l'essentiel sans pour autant oublier de surprendre, il y a dans cette bobine que je n'ai pas vu venir une sacrée force de proposition, mine de rien, et ce, à tous les niveaux.
Sa mise en scène, d'abord, témoigne d'une réelle maîtrise, qu'il s'agisse de créer des ambiances poisseuses qui fonctionnent ou de filmer l'action quand l'image s'excite. Sans oublier un fin placement des objectifs pour composer une photographie flatteuse, sans pour autant donner dans l'arty poseur qui aurait desservi le film. Non, ici, tout est frontal, utile même, et c'est appréciable.
Sa direction d'acteurs ensuite est à saluer, tout le monde trouve sa place. Il y a pourtant un certains nombre de personnages à articuler, mais chacun tire son épingle du jeu, sans démériter. Mention spéciale forcément au protagoniste auquel Ben O'Toole donne 300% de son énergie avec une performance mémorable finement gérée ainsi qu'à la charmeuse Meg Fraser que j'espère revoir bientôt à l'écran :$
Enfin, ce qui m'a particulièrement convaincu dans Bloody Hell, c'est la capacité de son réalisateur à livrer une partition originale sans aller trop loin. Là où beaucoup se seraient laissés dépasser par un script propice à la farce scabreuse, Alister Grierson parvient à contenir sa singularité en assumant totalement la tonalité bien marquée de son film. A mon sens, le bonhomme livre un conte pour adulte revigorant, une récréation stimulante dont les principaux ingrédients ont été préparés avec soin.
Pour autant, qu'on ne s'y trompe pas, on est clairement sur les terres d'un cinéma de genre qui n'a aucune honte d'en être et ça fait du bien. Après la chouette surprise que fut The silencing, Bloody Hell prouve une nouvelle fois que les amoureux du bis ne sont pas morts et qu'il est encore possible de se faire surprendre par des petites bobines ne payant pas de mine mais qui sont au rendez-vous quand il s'agit d'assumer une séance popcorn qui file la banane.
Ni chef d'oeuvre, ni référence du genre, Bloody Hell est un authentique moment de détente bourré d'idées, peu importe si certaines tombent un peu à plat, elles sont motivées par une telle soif de faire plaisir que personnellement j'ai tout pris avec le sourire. D'autant plus que formellement c'est maîtrisé, alors que demander de plus ? Peut-être encore plus d'originalité et une fin moins petit malin pour la prochaine fois, mais ce serait pinailler, je reprendrai sans broncher la même tambouille :D
Dans l'immédiat, je file voir ce que Alister Grierson a déjà à son actif et j'attends, il va sans dire, de pied ferme son prochain fait d'arme !
Quelques captures pour finir de vous donner envie :)