Réalisé à un moment charnière de sa carrière où il est interpellé pour de nombreux projets, Blow Out est l’un des meilleurs De Palma. Glissant John Travolta dans la peau d’un preneur de son, il est un hommage explicite à Blow Up de Antonioni. Dans ce dernier, c’était un photographe qui capturait malgré lui la preuve d’un crime.
Dans Blow Out, Brian De Palma met toute sa virtuosité au service d’un drame intime bouleversant. Une grande proximité est ressentie avec Travolta et Nancy Allen, le couple à l’écran. C’est aussi un thriller de référence, où les obsessions récurrentes de De Palma prennent une dimension à la fois profonde et conceptuelle.
Profonde car sa description de personnages inadaptés cherchant l’accomplissement dans une société inique nous est transmise de façon transparente et parfaite. Conceptuel parce que De Palma décline à tous les degrés le principe de la révélation et de la mystification, qui vient donner un cadre temporel et presque métaphysique à la tragédie.
Blow Out n’est pas un simple film malin ou une démonstration de luxe comme De Palma le fait trop souvent, notamment avec Pulsions qui a précédé. C’est un de ses films les plus personnels où il a introduit une densité remarquable, aboutissant aux scènes les plus émouvantes de son œuvre, peut-être plus encore que dans Obsession qui est davantage générateur de transe.
Mêlant fiction, réalité et sur-fiction (le cri), il est aussi un film de cinéma où ce dernier est sujet. L’aperçu de l’univers des techniciens du son, en plus de cette merveilleuse scène d’exposition renvoyant au slasher commercial typique, rend la séance géniale pour le cinéphile.
http://zogarok.wordpress.com/2014/08/10/blow-out/