Antonioni ou la métaphore du mime qui fait du tennis !

Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel version....heu.... non...." En fait, il ne fait partie d'aucune de mes listes de rattrapage de films. Bizarre, j'étais certain qu'on me l'avait conseillé quelque part parce que... merde... bon bah, du coup, je l'ai vu.


Scénario :
Thomas est un photographe, mais avant tout, c'est un sacré connard. Après avoir traité ses modèles comme de la merde (et simulé un acte sexuel avec l'une d'entre elles, comme sur l'affiche du film) il décide de se balader. Il va chez l'antiquaire, puis dans le parc où il prend des photos d'un couple. La fille du couple arrive et lui dit "putain, connard, et mon droit à l'image ?" Ce à quoi il répond "ta gueule pouffiasse, moi j'suis photographe, j'ai tous les droits." Un peu plus tard, elle passe chez lui afin de récupérer les photos mais tout ce qu'il souhaite, lui, c'est de lui faire le cul et il l'assaille avec des phrases comme "poupée tu devrais faire de la photo, t'as une démarche de reine." Ça marche presque.


Il finit par développer les photos et s'aperçoit qu'il aurait presque photographié un meurtre. Mais comme on en pas dans un épisode "Des Experts" l'agrandissement ("blow up" c'est le nom du film) ne rend pas grand chose. Alors que le film pourrait commencer à être intéressant, Jane Birkin arrive avec une pote pour se faire un plan à trois avec Thomas après avoir tenté de chourer des robes et ruiné son fond bleu.


Et à la fin, il y a des mimes qui font du tennis.



En tant que sujet d'étude :



"Blow-Up" est un film qui était révolutionnaire en son temps. Mais, ça, c'est Wikipédia et Tvtropes qui me l'ont apprit parce que sinon, c'était pas flagrant. Alfred Hitchcock aurait été tellement impressionné par le film qu'il aurait dit que ce film avait des centaines d'années d'avance sur tout ce qui se fait au cinéma. Et du coup, ça en fait un bon sujet d'étude pour montrer à quel point en 50 ans tout le côté "sulfureux" du film s'est affadit et à quel point, un spectateur non renseigné pourrait le regarder comme un téléfilm mou sur France 3.


Car oui, le film est avant tout très marqué par son temps, les "swingings sixties", Londres, avec des shooting photos de modèles sur fond de verre colorés, les concert dans des petites salles londoniennes, les soirées où tout le monde est shooté par la fumette et les protestations de rues. Mais surtout le film développe un côté sexuel assez décomplexé pour l'époque : les shootings photos ressemblent à des actes amoureux, le héros surprend un couple d'ami en train de copuler, il y a une scène où un plan à trois est fortement suggéré et si le film ne montre fugitivement que la poitrine de Jane Birkin, les femmes sont souvent torses nues. Un côté sexuel qui 50 ans plus tard, n'a rien de transcendantal.


Le film a aussi impressionné par son côté graphique : Là aussi, il créé des images qui nous, nous semblerait insignifiante. Ainsi Antonioni a fait entièrement repeindre le gazon d'un parc pour qu'il semble plus vert. Ce qui n'a rien de si percutant que ça pour un spectateur moderne.


Mais surtout en lisant wikipédia, on apprend qu'Antonioni n'a pas pu filmer la scène de meurtre du film, espérant une rallonge s'il promettait de la filmer plus tard. Ce qui fait qu'on a un film contemplatif, dépourvu de son "objet central".



Mon avis personnel :



Putain, qu'est ce que je me suis emmerdé devant ce film !


J'ai rien contre les films qui n'ont pas de fil narratif particulier ou qui sont rangés dans la catégorie "contemplatif" sauf qu'au moins je suis prévenu. Ici je m'attendais à un polar et un film sur à quel point les images "mentent" et en fait, j'ai rien perçu de tout ça. J'ai juste vu un photographe se balader, se comporter comme un connard avec tout ce qui bouge et être considéré comme un apollon par toutes les filles.


Déjà, je déteste quand un film t'explique à ta place qu'un mec est censé être beau : toutes les filles tournent autour de lui, il se fait des plans à trois, la copine de son pote le mate alors qu'elle fait l'amour et toi tout ce que tu te dis c'est "mais, pourquoi lui ?" Le personnage principal est un con arrogant et je n'ai pas envie de me balader avec un con arrogant.


Arrivé à une heure de film, il y a enfin la scène d'agrandissement des fameuses photos et je me suis dit "ok, on arrive à quelque chose" avec un fil rouge et une raison de regarder ce film plus intéressante que celle de voir simplement des images qui bougent. Et pour le coup, c'était particulièrement bien filmé, car le spectateur essaye de voir des trucs dans ces agrandissement flous en même temps que le personnage. Et on en arrive tous deux à la conclusion qu'on voit pas grand chose. Un lien se tisse entre nous et le personnage, une complicité, ça y est, ça va enfin démarrer.... Et puis, arrive Jane Birkin et sa pote et le film repart dans les "24h dans la vie d'un connard"


Après cela, il restait 30 minutes de films et donc pas assez pour développer une intrigue de polar dont visiblement tout le monde se fout :


Donc je reprend : Thomas à photographié ce qui semblait être un couple le matin. L'après midi il développe les photos et se rend compte qu'il a peut-être photographié un meurtre, mais au final, il ne revient sur les lieux du crime que la nuit, et jamais il n'appelle la police. Mais, il trouve quand même le cadavre, ce qui signifie qu'il est tombé sur les meurtriers les plus cons du monde, puisqu'ils avaient plusieurs heures pour faire disparaître le corps. Et je ne sais pas si les parcs publics de Londres étaient si peu fréquentés que ça pour qu'on puisse y laisser un cadavre pourrir à l'air libre.


Ce qui m'a fait dire "en fait, finalement, tout le monde s'en branle de cette histoire de meurtre en fait, le film le premier."


Et à partir de là, je ne sais pas si c'est moi qui ai accepté le film comme étant quelque chose de contemplatif ou si c'est le film qui décide de se décentrer de son personnage, mais j'ai préféré les scènes qui venaient à la fin : les Yardbirds en train de péter maladroitement une guitare sur scène, une scène de soirée typique des 60's où tout le monde est défoncé, et la scène finale avec "les-mimes-qui-font-du-tennis" qui m'a fait sourire (et offre une forme de respiration naïve.)


Je n'ai pas détesté ce film, mais en grande partie, il m'a laissé complètement froid. Alors, bon, tout le monde exulte sur le côté " liberté sexuel" du film, mais j'y ai été pas sensible du tout, tant c'est assez brouillon et basé autour d'un personnage détestable. (Marrant, j'ai l'impression de lire les même critique que ceux qui trouvent que le Lolita de Nabokov est un roman sensuel.)


Au final, je suis d'accord avec cette ligne trouvée sur TvTropes :
"In 1966, the sex was scandalous, and the hero's attitude toward women completely unremarkable. Today, the two are reversed." / "En 1966, le côté sexuel était scandaleux et l'attitude du héros envers les femme totalement quelconque. Aujourd'hui, c'est l'inverse."


Amen !

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le 22 oct. 2016

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