"Propos sur le bonheur"...

Doc qui commence par l'achat d'une Porsche orange et finit chez un marabout blond
Le Tom Cruise des violonistes?
Enregistré au hasard sur arte croyant un instant à un concert car l'image du programme/VoD était un orchestre: je ne l'ai pas arrêté à sa première scène sans complexe qu'hélas ne dépasseront sans doute pas tous les spectateurs.
J'avoue que je ne connaissais pas ce violoniste qui se révèle passionnant même si parfois sans doute involontairement. On le croit sûr de lui qui a tout pour être heureux puis il apparait très vulnérable et il commençait à m'apparaitre comme quelqu'un pouvant tomber aux mains d'un secte ou guru, quand soudain on le voit aux mains d'un conseiller Yoda masseur étonnant philosophe psychiatre....

Il sourit beaucoup. Ce qui m'a rappelé des remarques sur le sourire de Tom Cruise:

"...pouvait-on présager du destin qu'attend cet adolescent timide..pourtant il suffit de voir la facilité avec laquelle il éteint ce sourire, auquel on le réduit trop souvent, pour s'interroger sur sa part d'ombres ...comme si on apercevait déjà un peu de cet âme tourmentée qui fait de lui plus qu'une icône mais un être complexe, insaisissable." ( doc 'Tom Cruise - Corps et âme', arte, 2020

"Quand tu ne souris pas , là, ton visage, montre la vraie personne. Quand tu souris, elle disparait." (dit son masseur/guru à Charlie Siem)

Au début du doc Charlie Siem très beau et riche et talentueux, explique qu'il veut contrôler sa carrière, "être le meilleur".
Puis lentement mais surement on a une impression qu'il est plus vulnérable qu'il ne parait.
"Dès cette première rencontre, nous nous laissons gagner, à notre corps défendant, par une certaine empathie... pour ce séducteur à la gueule d’ange", comme l'écrivait Auréa au sujet de Clint Eastwood dans justement 'Les Proies'.
Il croit maitriser un situation...être le prédateur mais il me semble un proie: aux doutes, aux lobbys, aux marchands etc.
Mais de la même façon qu'il ne sait pas distinguer les couleurs (pour le plus grand plaisir narquois et amusé d'un vendeur de Porsche à Monaco), saura t il distinguer les intentions des autres?
Il croit être prédateur mais ne finit-il pas la proie d'un vendeur de voiture embarrassé depuis des années par une voiture orange dont personne n'a voulu...
puis la proie d'une maison de disque Sony qui veut qu'il fasse un disque romantique qu'il refuse d'abord, puis il devient encore plus 'homme sandwich', pour des vêtements , puis pour des sacs de cuirs de vaches puis pour de l'alcool.
Pour finir lui dans une sorte de grande tente pleine d'asiatiques en pseudo smoking, une sorte de chapiteau bruyant capharnaüm rappelant une fête d'écoles de commerce ou de salon de l'étudiant...qu'il semble loin alors le temps des concerts en salle d'orchestres centenniales.
Son stradivarius vieux de 300 ans a sans doute vu pire.
D'ailleurs il finit par tenter de nous faire croire qu'il a maitrisé tout cela , que c'est son choix de s'être tant dispersé avant de devenir le meilleur dans son art.

L'album romantique grand public qu'il refuse dans un premier temps et dont des titres pourraient lui attirer les foudres et condescendance des critiques (comme lui dit son ancien prof de violon) est est sur la base de données SC, titré: 'Under the stars'.
J'ai eu envie de lui dire que "Le contrôle est impossible! espèce d'immature egomaniac/Control is impossible , You, infantile egomaniac" , comme criait Nicole Kidman à son Tom Cruise dans 'Jours de tonnerre', sur "un pilote aussi de grand talent mais mené aussi par l'impérieux besoin d'être le meilleur" **

Le Marabout Blond à grandes mains qui te masse le pubis et le nombril en les associant à ta mère et ton père?!

La scène de massage finale dont je parlais et qui m'a fait penser à un début d'endoctrinement par un guru, m'a aussi parfois fait penser aux dialogues entre Tony Curtis et Lawrence Olivier dans Spartacus sur ses préférences pour les huitres et les escargots...ça commence plutôt bien et sain puis semble déraper, fait sonner des alarmes internes et donne envie de fuir comme Tony:

Le masseur me rappelant Richard Kiel dans James Bond:
"Tu as beaucoup de force ici (la nuque) , mais tu ne l'utilises pas.
Tu dépenses beaucoup d'énergie pour garder le contrôle.
Parfois dans la vie, il faut se battre et absorber ce qui vient, et parfois, il faut être plus souple (comme ton bras) qui doit apprendre à être plus flexible (il le secoue comme s'il voulait le faire vibrer comme une corde ). Tu résistes déjà..."
Charlie Siem: "Oui, je fais très attention à la manière dont je fais les choses et je réussis en me battant."
Le masseur: "Je crois que tu as construit un immeuble très haut, tu ne peux pas continuer à monter, tu dois redescendre et trouver un moyen de soutenir cet immeuble."
CS: "Je crois aussi. Je vois ce que tu veux dire."
Le masseur: "Et la nouvelle personne que tu vas rencontrer en bas; elle est faible; et ça ne te plait pas, mais tu dois en prendre soin."
(il lui pince le ventre lors de respiration mais il ne dit rien mais sourit)
"Quand tu ressens une douleur à l'intérieur, tu ne peux jamais l'exprimer. Faire aïe!"
CS: "...si je l'ai dit la première fois"
LM: "Non. C'est mauvais, c'est très mauvais (qui rappelle le chef d'orchestre dans La Grande Vadrouille...) ça montre que les gens ne peuvent jamais savoir qui tu es ou ce que tu ressens ou ce dont tu as besoin."
"La première chose que tu fais quand je fais ça (il appuie sur l' aine), tu souris, tu vois...tu souris...mais ce n'est pas toi. C'est la personne qui est entre le faible et le fort. Quand tu ne souris pas , là, ton visage, montre la vraie personne. Quand tu souris, elle disparait."
** "Quand je touche ta mère...quand je touche ton père" (sic) **
( ...il ne lui manque plus que des cristaux de couleurs à ce masseur qui me rappelle un des acteurs de la troupe d'Olivier Py, Philippe Girard, excellent aussi dans "Les apprentis".)

Quant à Charlie Siem, de profile, il m'a rappelé Rupert Everett notamment dans 'Another Country' , avec un peu de morgue de certains Oscar Wilde et de Billy Zane revanchard dans 'Titanic'.
Mais moins sexué qu'eux: il dit ne plus avoir de petite-amie depuis plusieurs années et jamais avoir eu d'amis.
Même allongé quasi nu et couverts de grains de beauté, il m'a surtout fait pensé à une mélange des arrogants surconfiants Dickie Greenleaf et son ami Freddie Miles dans 'Le Talentueux Mr. Ripley' où Jude Law et Philip Seymour Hoffman partagent même ses vêtements.
Et il finit d'ailleurs aussi dans un appartement enfin à lui en Italie... après s'être échappé de la "maison de papa ou de ma mamie pour la première fois de ma vie":

"Et dans le pire des cas, si je n'travaille pas
Faudra que je reprenne la 'maison' de Papa"

La science lui donne d'ailleurs raison quand dés le début il a une intuition, allongé à l'hôtel, nu sous son peignoir de « Palace », se grattant le nez:

"Je ne fais jamais rien pour les autres...c'est peut-être pour ça que je suis malheureux?"
( (être généreux rend en effet heureux selon des preuves comportementales et neurologiques) )

(Je le remercie aussi de m'avoir fait sourire lors des scènes répétées d'interviews et de tournage de publicité notamment celle où des photographes asiatiques lui demandent de répéter et bouger à nouveau son verre d'alcool ...il m'a fait remonter la scène de Bill Murray dans 'Lost in Translation'