Don't eat the child.
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le 3 mai 2011
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Adaptation pour le cinéma de la série Tales from the Darkside, Les Contes de la Nuit Noire, bien qu’ayant reçu la récompense suprême au Festival d’Avoriaz en 1991, est un film à sketches horrifique très sous-estimé, dans l’ombre du géant Creepshow tenu, à juste titre, pour la référence ultime du genre (dans son versant "comics" en tout cas - Kwaidan est supérieur mais d'un tout autre monde). Pourtant, grâce à la réunion d’une pléiade de talent directement concernée par le registre [Romero, Stephen King, le producteur P.Rubinstein comme indice de qualité], il peut s’aborder en véritable condensé de tout un univers. Il est aussi accessoirement un défilé d’acteurs remarquables, dont certains, devenus grands, font ici leurs premiers pas [Christian Slater, Julianne Moore, aux côtés de Debby – déjà vue notamment dans Videodrome].
Cultivant son originalité autour de bases rodées, le film comprend trois histoires, reliées par des séquences mettant en scène Deborah Harry en cannibale. Le gros morceau du dîner qu’elle prépare, un enfant d’une dizaine d’années, tente de repousser l’échéance en lui racontant des histoires tirées du livre de l’enfance de l’amorale ménagère (façon Mille-et-une-Nuits). Loin d’être bâclé comme c’est souvent le cas dans ce type d’anthologies, cet intermède en est même l’un des plus admirables, distillant une drôle d’ambiance, rappelant autant, et inévitablement, Les Contes de la Crypte, qu’un autre modèle a-priori déconnecté de l’univers en question : Twin Peaks. C’est peu dire que la décontraction complète de Debby au sein de ce cadre d’une banalité absolue à un détail près fait des merveilles.
La première histoire, la plus kitschissime [il faut dire qu’elle se déroule dans une université] est sans doute la moins ambitieuse par son scénario, très bien écrit au demeurant (il est tiré d’une nouvelle du père de Sherlock Holmes) même s’il laisse filtrer un ou deux détails qu’on pourra trouver assez légers, car minimisant a-priori le comportement rationnel attendu de certains personnages. Mais c’est chipoter, parce que l’esprit vient aussi de là, de cette belle façon d’éroder quelques évidences pour mieux alimenter un suspense débridé. Déjà, et malgré la légèreté de cette intrigue impliquant malédictions, momies et petits meurtres entre amis, la mise en scène d’Harrisson sur "Lot 249" est brillante : c’est du bis pur rehaussé par des manies de luxe.
"Le Chat de l’enfer" est le plus stylé des segments visuellement parlant, sa photo sépulcrale et le contexte de l’espace clôt propice et typique l’inscrivant dans la grande tradition des formalistes (qui n'interdit pas le cheap) du genre [aux côtés de Deux Yeux Maléfiques]. Il est aussi le seul à n’être pas écrit par Michael McDowell, Georges Romero lui-même ayant pris la plume en réadaptant un scénario de Stephen King. Et même si le pitsch manque de génie [le motif des méfaits du chat est d’ailleurs des plus rocambolesques], il inspire une mise en scène réjouissante et bourrée d’idées. Les fans du genre seront aux anges. Les autres peut-être un peu déconcertés.
Le meilleur a vraisemblablement été gardé pour la fin et c’est peu de dire que "Le Voeu des Amoureux", par son romantisme exacerbé, touchera des cordes sensibles, rien que pour sa chute et ce qu’elle engendre. Il démarre sur la première nuit du reste de la vie d’un artiste à l’oeuvre invendable dont l’agent vient de claquer la porte ; la rédemption surgira après quelque mauvaise rencontre. Le film consacre le mensonge en tant qu’essence de l’amour ; pour dissimuler des points de détails monstrueux, assassins et irréversibles ; pour garder l’image voulue de l’être aimé et tenir à distance sa vraie nature. Mais il évoque une perspective autrement originale : d’où vient l’inspiration pour peindre l’enfer et ses envoyés ; il faut avoir côtoyées de près ces horreurs, diraient les héros de Lovecraft. Darkside le dit aussi. De façon moins solennelle mais terriblement jouissive.
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Créée
le 25 mai 2015
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