Nacho Vigalondo est connu pour son court-métrage 7:35 de la manana, en compétition pour l’Oscar du court-métrage et surtout pour Timecrimes/Los Cronocrimines, thriller conceptuel très efficace. Jouant sur les paradoxes temporels, il faisait la démonstration d’un grand brio, tout en se fondant sur des prémisses boiteuses. Le résultat était donc simultanément captivant et frustrant. Rien de tel avec Extraterrestre, affreux mélange des genres réalisé un an plus tard.
Vigalondo fabrique une comédie romantique qui virerait au drame psychologique, comme un Polanski inquiétant mais ludique, limite rigolard. Partant d’un contexte SF qu’il snobe allègrement, Extraterrestre trouve finalement sa place dans le jeu de dupes au ton improbable, ultra-glauque mais sans le faire exprès, agrémenté de discussions censées réfléchir les sentiments des personnages, ainsi que des divers complots ou projections d’un nombre très resserré de protagonistes.
Désorganisé, Extraterrestre aimerait se balader entre les registres, or il reste à un degré zéro bizarre où tous les éléments préalablement installés semblent être tout simplement zappés par le scénariste et le metteur en scène. On avance dans la nuit, en ne voyant que ses pieds, allant d’un rebondissement saoulant à l’autre. Si on est d’humeur à jouer les inspecteurs flegmatiques mais très très sérieux, ça peut le faire. Comédie grivoise surgonflée ou errance d’un auteur goulu au ventre mou ?
Extraterrestre n’est somme toute qu’une comédie de boulevard inassumée et poseuse, omettant les rires gras qui lui permettraient pourtant de concrétiser sa vocation. En cherchant à intimider le spectateur, le cinéaste adopte une attitude très regrettable. Il n’a pas forcément tort cependant, puisque ce produit récolte de bonnes voire très bonnes appréciations ; à nuancer toutefois par son caractère confidentiel au-delà des frontières espagnoles.
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