Une fois n’est pas coutume, commençons sans ironie aucune par ce qui est sauvable dans ce film que je suis allé voir à cause de Stéphane Bou, qui dans un épisode récent de « Pendant les travaux, le cinéma reste ouvert » sur Inter vantait avec enthousiasme, rejoint par le journaliste de Mad Movie, les mérites de ce nouvel opus consacré au dino proto nucléaire.
Reconnaissons que de belles séquences se logent au sein de ce blockbuster. La chute des fumigènes rouges, déjà intelligemment choisie dans un teaser, est graphiquement très belle. Les divers dévoilements de la bête, qui fait un véritable striptease progressif, sont une jolie trouvaille qui travaille bien le pouvoir de fascination qu’elle exerce. Certaines constructions de profondeur de champ où l’action dévastatrice semble être reléguée au second plan pour privilégier le plan d’ensemble et sa puissance picturale ont du mérite, tout comme l’idée de filmer certaines séquences à hauteur d’enfant.
Mais bon.
L’idée du « toujours plus » est encore de mise : trois monstres pour le prix d’un. Outre la surenchère inutile, c’est surtout la laideur (numérique, notamment) des deux autres qui fait tâche, d’autant plus qu’ils apparaissent bien avant et salopent beaucoup l’effet de mystère du grand attendu.
La grille scénaristique est celle du minimum syndical, avec toutes les coïcidences grossières que cela entraine : en gros, nos héros sont toujours au bon endroit, au bon moment, ainsi que leur descendance, et ce n’est pas en nous en donnant la version analogique qu’on nous fera passer la pilule du énième compte à rebours nucléaire.
Tolérant face à ce cahier des charges apparemment immuable, on le sera moins face à l’exploitation éculée et proprement insupportable du thème finalement central de la famille. Maman qui meurt, papa qui meurt, fiston qui va tout faire pour sa femme et son fils, à coup de photos dans le portefeuille et d’accolades de pubs pour les assurances vies. Résultat, un bonne demi-heure, sinon plus, de mélasse engluant le véritable sujet. (La bande annonce de Transformers 4, vue avant le film, annonçait exactement le même programme, Wahlberg annonçant « Il fallait pas s’en prendre à ma famille »).
Le jour où on dissociera le divertissement grand public de cette couenne poisseuse servie en gage de pathos, on pourra commencer à vraiment se divertir.

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le 4 juin 2014

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Sergent_Pepper

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