Huhu ! Et si on arrêtait de se voiler la face et qu'on faisait tomber les masques ? Déjà, c'est pas parce que c'est John Carpenter que c'est forcément bien, hein ! Alors pas de pitié me concernant pour cet Halloween précurseur du slasher certes, et aussi fauché soit-il, mais qui au final m'a juste laissé un sentiment de mauvaise blague encensée...
Pourtant, tout commençait bien. Le fantastique et assez cinglant thème principal - qui reviendra inlassablement tout le long du film - me rappelle au souvenir de ma plus tendre jeunesse (non je ne le découvre pas aujourd'hui) comme à l'un de mes premiers films de genre vus dans leur intégralité. Aussi, la scène d'ouverture, en caméra embarquée immersive, avec dans un second temps ce fameux masque de clown, fonctionne à merveille. Les coups de couteau portés par le jeune Michael (6 ans - le bras et la main l'empoignant laissant deviner que c'est un gosse), contre sa très grande soeur topless, n'entraînent pas la moindre projection de sang, un peu comme dans un rêve. On découvre alors un visage d'ange derrière le masque. Jusque-là, rien à redire, c'est très réussi ; mais de grâce, qu'on m'épargne les extrapolations socio-politiques pseudo-subversives d'un gamin incarnant le mal engendré par les classes moyennes américaines sur-consommatrices, blablabla. Fallait bien qu'il ait une origine sociale ce gosse, hein...
Mais déjà, on embraye - 15 ans plus tard - sur une scène assez invraisemblable : Donald Pleasance incarne l'étrange médecin psychiatrique de Michael - qu'il nomme aussi "la chose" - qui descendra de sa voiture pour ouvrir le portail de l'asile... finissant par se la faire piquer (y a une infirmière à bord) par un Michael que l'on découvre alors très agile et particulièrement en jambes (le même type qui par la suite démontrera ses nombreuses carences intellectuelles et psychomotrices). Easy. Et en plus, ce grand fou venant de passer toute sa vie à l'HP semble très bien savoir conduire. Lol. Rien de rédhibitoire encore, mais déjà le doute m'habite.
C'est la veille d'Halloween dans la ville natale de Michael, et nous suivrons en particulier les pérégrinations de sa demi-soeur (Jamie Lee Curtis qui s'en sort très bien je dois dire), une étudiante intello qu'il n'aura pour objectif que de planter. On ne sait pas pourquoi, c'est comme ça. C'est "Le Mal". Point. Pourquoi pas. Et puis c'est mystèrieux. Mais zéro fond. Le mec se balade donc avec un masque blanc sur la goule, et comme c'est Halloween et que c'est La Nuit des Masques, il fait juste un peu plus peur que les autres gens déguisés. Je trouve d'ailleurs que l'idée ne sera pas suffisamment exploitée : juste une fois lorsque sa demi-soeur criera et frappera aux portes du voisinage. Mais avant d'en arriver là, pendant une bonne moitié de film, c'est l'ennui. Il ne se passe quasiment rien, juste un pétard mouillé du bout des lèvres de l'héroïne (que je suis drôle), des accros exclusifs au pop-corn de partout, une maison un peu hantée, un grand méchant loup d'une patience maladive, des chiens, un gamin irritant avec son croque-mitaine, et une petite-culotte gratuitement exhibée. On s'impatiente, mais on espère encore. Un peu...
Mais voilà, lorsque Le Mal entre en "action", le film sombre dans le ridicule... Le gars est lent, très lent, mais en plus il faut qu'il attaque aux moments les plus grillés (klaxon, téléphone). Pas vraiment une lumière quoi. Mais ça encore, on pouvait s'y attendre - même si j'aurais aimé voir un peu de sang pour la première attaque... Mais alors je ne m'attendais pas à ce qu'il soit neuneu au point de prendre son couteau de sa mauvaise main ! Il doit être gaucher le mec en fait, c'est pas possible autrement : il met tout - ou presque - à côté ! Sa cible principale en tout cas ! Sa demi-soeur se relevant par ailleurs d'une sacrée chute sans trop de problème. Et là j'ai carrément commencé à me demander si le Charpentier se foutait pas un peu de moi. Vraiment. Ah, et j'oubliais, le docteur qui reste planté comme un gland pendant 3 heures derrière une haie, pour finalement apercevoir la caisse du malotru à même pas 100 mètres. Ri-di-cule.
Mais le pire, c'est ce dénouement grotesque. La meuf ne finit pas le travail la première fois, ça passe ; mais rebelote ! Et là ça ne passe plus... D'ailleurs, la scène de la penderie partait sur de bons rails, mais le coup du cintre m'a tué ! Sans oublier l'immortalité du gars... Une raison à ça ? Non. On doit se démerder avec notre imagination, une fois de plus...
Un final grand-guignol donc, des invraisemblances à la pelle, un méchant pas crédible, zéro fond malgré ce que prétendent certains, une grosse moitié de film ennuyeuse à mourir, un scénario tout pourri, et même pas de sang. Vraiment, je ne vois pas comment m'émouvoir devant un film d'épouvante aussi involontairement risible, et encore moins avoir peur, ou du moins être intrigué. Même si la zic est cool et la photographie banlieusarde de qualité.