Hitman le cobra, aussi nommé Le terroriste, est un des nanars les plus 'acclamés', notamment pour sa version doublée en français. Un dialogue entre Mike et Phillip a fait énormément d'émules, l'extrait vidéo étant abondamment diffusé sur internet, engendrant des parodies, devenant un mème. Il n'y a pas forcément de quoi se gondoler pourtant, y compris face à cette échange d'insultes ; du moins pas au point d'en faire un 'nanar' si important. Comme tant d'autres dans son domaine, Hitman the cobra est largement surestimé ; si la connerie peut être exaltante, il faut tout de même une part de génie, une répartie, une malice, ou une brutalité sidérante, que ce film-là n'a pas. Il faut surtout qu'elle soit un peu délibérée, comme dans La Tour Montparnasse Infernale.
Avant d'être un nanar soit un « mauvais film sympathique », Hitman est extrêmement médiocre, purement et simplement. C'est un produit plutôt Z, bête et caricatural au point de ressembler à une parodie du film de guerre et surtout de guerriers, ponctué de traversées de la jungle ou d'escapades dans un bar totalement vaines. La construction est absurde, les scènes semblent empilées à l'aveugle. Il y a une certaine générosité ridicule et inadéquate faute de moyens, une naïveté empêchant le spectacle d'être perçu comme mal-aimable. C'est très bavard, avec une cohorte de saillies grandiloquentes stupides ; si on s'en amuse, la séance peut virer à la foire jouissive, mais il faut être un fanatique des redondances. Sinon il n'y a pas d'autre option que l'ennui. Bien sûr, quelques outrances de ces blaireaux sont vaguement drôles, mais Hitman n'est pas une comédie, encore moins une farce et tout ce dont on pourrait se réjouir est très limité.
À la rigueur, Le Clandestin, pas toujours très percutant et parfois plus 'kitsch' hardcore que nanar inspiré, est bien plus divertissant, car plus musclé dans sa catégorie. Surtout, Hitman le cobra est très loin de la petite poignée de nanars valant le détour, comme Turkish Star Wars, T'aime de Patrick Sébastien, Kill for Love ou l'oeuvre complète de Bruno Mattéi (dont La Création). Dans ces films-là, les auteurs injectent beaucoup d'énergie ou de passion, se laissent aller à des logorrhées sans-gêne, nourrissent parfois quelques ambitions, créent un univers propre. Leurs films laissent des souvenirs au spectateur, des objets ou des citations à manipuler. Rien de tel dans Hitman ; c'est juste une épave quelconque, laborieuse en plus d'être débile. Il y a une ou deux sorties pittoresques de petite envergure, de jolis décors naturels même si on leur attribue des fonctions auxquels ils se prêtent mal. Ça ne mérite pas nécessairement la note minimale même si ça ne saurait aller beaucoup plus haut, au premier comme au dernier degré.
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