La pièce de Lagarçe était apparemment très compliquée à transposer à l'écran, le film semble confirmer cela, bien que je n'ai pas lu cette pièce. Toutefois il faut bien avouer que Juste la fin du monde malgré un indéniable élan artistique se vautre parfois complètement ...
Ceux qui me lisent régulièrement savent que je suis très sensible au cinéma de Xavier Dolan, Mommy était même mon film préféré de 2014, c'est pourquoi j'attendais plus ou moins Juste la fin du monde. Malheureusement si il est évident de reconnaître à Dolan de vouloir faire transpirer les émotions de ses personnages à travers la mise en scène, le récit quant à lui est bien trop nébuleux et vain pour que l'ensemble émeuve pleinement.
Déjà ampoulé par un rythme lent et décousu, sans parler des répétitions qui semble-t'il sont propres au texte de Lagarçe, Juste la fin du monde part dans tous les sens de la manière la plus académique possible. Chacun des membres de la famille de Louis a droit à son traitement, la mère, la soeur, la belle-soeur et le frère, un traitement efficace quant à l'exposition des personnages mais sans l'once d'une quelconque ambition, là où Dolan nous avait habitué à plus de fougue et de spontanéité. C'est bien ça le problème, Dolan semble avare dans tout ce qui le caractérise d'habitude concernant le traitement des personnages. Rarement le film n'atteint l'intensité que les diverses scènes laissent présager et ce n'est pas la mise en scène très travaillée qui fait pencher la balance malheureusement.
Demeurent tout de même deux séquences qui fonctionnent très bien. Celle de la voiture avec Vincent Cassel, et la dernière toujours avec Cassel. Pourtant le personnage de l'acteur est assez prévisible, ce qui ne le rend pas moins touchant, mais caricatural, l'acteur en revanche assure assez bien la performance. C'est un peu le même constat pour tous les autres d'ailleurs. Il est regrettable de voir à quel point Marion Cotillard est sous-employée, alors que Léa Seydoux profite de chacune de ses scènes pour exploser littéralement faute de savoir faire mieux, même si je dois avouer (à ma grande surprise) que son jeu est parfois parcouru par des élans de justesse. Même Nathalie Baye ne parvient pas à imposer pleinement malgré son charisme, hormis la scène du parfum et de la cigarette, qui est sûrement la plus touchante du film d'ailleurs, elle tombe souvent dans la caricature du rôle de la mère un peu excentrique mais bienveillante.
Gaspard Ulliel lui se fond dans un mutisme propre à son rôle mais encore une fois le personnage ne provoque pas vraiment quoi que ce soit au près du spectateur. Pour ma part il m'a paru désagréable, froid, complètement à part, là où Dolan aurait pu faire se confronter cette froideur apparente à la brutalité des autres personnages. L'érudit revenant parmi les manants, par pitié tout mais pas ça ...
Alors bon, Dolan à trop vouloir adapter ne prend aucun risque et filme son film comme une pièce de théâtre proche du clip. Ce n'est pas laid, c'est même plutôt beau et assez réussi sur le plan technique mais c'est terriblement creux en ce qui concerne la narration, le récit et l'exposition des personnages. Xavier Dolan passe à côté de tout le potentiel de l'oeuvre qu'il adapte, mais il fera sûrement mieux la prochaine fois, ce n'est pas la fin du monde ...